pirater Thermomix
Piratage d'un Thermomix

Longtemps cantonné aux ordinateurs, aux smartphones ou aux objets bancaires, le piratage touche désormais les équipements de cuisine les plus avancés. C’est le cas du Thermomix TM5, récemment compromis par la société française Synacktiv, spécialisée en cybersécurité offensive. Ce robot culinaire, aussi populaire que sophistiqué, a révélé des failles exploitables sans modification matérielle, à distance, et de manière invisible pour l’utilisateur. Une intrusion volontairement démonstrative, mais aux implications réelles pour les millions d’appareils connectés utilisés chaque jour dans les foyers. Nous vous expliquons précisément pourquoi il est simple de pirater un Thermomix.

Un robot culinaire devenu surface d’attaque

Le Thermomix TM5 ne se limite plus à un rôle d’assistant culinaire. Depuis sa commercialisation en 2014, il s’est mué en dispositif embarqué, piloté via l’application Cookidoo, avec des fonctions automatisées de cuisson, de pesée et de programmation.

Ces fonctionnalités, intégrées dans une interface numérique complexe, exposent l’appareil à des intrusions exploitables par des attaquants aguerris.

Les ingénieurs de Synacktiv ont démontré qu’il était possible de prendre le contrôle partiel du TM5 en exploitant ses composants logiciels, sans l’ouvrir physiquement. Leur intervention a permis de :

  • modifier l’affichage de l’écran avec des messages personnalisés
  • manipuler la température de chauffe de façon arbitraire
  • provoquer des messages d’erreur factices à répétition

Ce scénario illustre que les fonctions critiques du robot peuvent être altérées à distance, sans que l’utilisateur ne puisse détecter une intervention extérieure.

Vous pouvez profiter des nouvelles fonctionnalités du nouveau Thermomix TM7 et faciliter votre quotidien.

Des vulnérabilités qui dépassent la cuisine

Les chercheurs ont également identifié un risque secondaire : l’exploitation des connexions entre le Thermomix et les services en ligne de Vorwerk. En ciblant l’application Cookidoo, les attaquants pourraient viser :

  • les profils utilisateurs synchronisés avec le robot
  • les données bancaires enregistrées pour les achats de recettes
  • l’historique de navigation et de planification des repas

Une attaque suffisamment structurée pourrait donc exposer des informations personnelles sensibles, bien au-delà de la seule manipulation du robot.

Une expérimentation menée sous contrôle

Synacktiv a conduit cette démonstration dans un cadre professionnel, avec l’accord préalable de la marque Vorwerk. Cette transparence, peu fréquente dans le secteur, montre une volonté commune de renforcer les défenses logicielles de l’appareil.

Vorwerk a déjà engagé une révision de ses mécanismes de sécurité et prépare des mises à jour correctives, tout en rappelant que le TM5 reste moins exposé que d’autres objets connectés plus ouverts.

L’entreprise ne se considère pas comme négligente, mais reconnaît que la sophistication croissante des systèmes embarqués exige une vigilance constante.

Objets domestiques connectés : des points d’entrée inattendus

Le cas du Thermomix s’inscrit dans une tendance globale des objets connectés qui envahissent l’environnement domestique, avec une augmentation significative de leur complexité et de leur interconnexion.

Ce maillage numérique, s’il n’est pas suffisamment sécurisé, devient un terrain favorable à la compromission des réseaux personnels.

Voici un panorama chiffré de l’évolution de cette menace :

Année Objets connectés dans le monde (estimation) Part des objets domestiques Incidents de sécurité déclarés (IoT)
2015 15 milliards 18 % ~1 000 cas
2020 30 milliards 32 % ~6 500 cas
2025 (prévision) 75 milliards 45 % >20 000 cas

Vers une refonte des standards de cybersécurité domestique

L’opération menée sur le Thermomix TM5 relance la question de la robustesse des protocoles employés dans la conception des appareils connectés à usage domestique.

Même les dispositifs réputés fermés ou protégés peuvent présenter des vulnérabilités, notamment lorsque leur système embarqué n’est pas conçu pour intégrer nativement une gestion fine des menaces informatiques.

Pour les spécialistes, il devient impératif d’abandonner les approches correctives au profit de modèles préventifs, où la sécurité est pensée dès l’architecture initiale.

Cela implique notamment une automatisation fiable des mises à jour logicielles, une transparence accrue sur les technologies de communication employées, ainsi qu’un durcissement généralisé des algorithmes de chiffrement, y compris pour les fonctions jugées non critiques.