Le figuier, omniprésent dans les jardins méditerranéens, est davantage connu pour ses fruits que pour son bois. Pourtant, chaque année, à la suite de la taille ou de l’abattage d’un arbre devenu trop envahissant, se pose une question simple : est-ce un bois à bruler dans un poêle à bois? À première vue, l’idée semble logique. Le bois est là, à disposition, et le recycler en chaleur paraît pertinent. Mais toutes les essences ne se valent pas une fois dans le foyer. Avant de glisser ces bûches dans l’âtre, il convient donc d’évaluer leur comportement au feu. Car le figuier, sous son apparence inoffensive, cache quelques singularités peu compatibles avec un usage régulier dans un poêle à bois.
Des caractéristiques physiques peu favorables au chauffage
Le bois de figuier est un feuillu tendre, sa densité relativement faible et sa structure fibreuse rappellent celles du peuplier ou du tilleul. Il sèche rapidement, ce qui peut sembler être un avantage, mais cette légèreté s’accompagne d’un pouvoir calorifique modéré.
Concrètement, il produit moins de chaleur par volume que les essences plus denses.
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Une combustion problématique et un usage limité
Brûler du figuier ne pose pas qu’un problème d’efficacité et la manière dont il se consume est également en jeu. Même bien sec, il dégage une fumée âcre, parfois irritante, et produit des dépôts gras et collants, sources de suie et de créosote.
Ces résidus, en s’accumulant dans le conduit, peuvent favoriser un feu dans les conduits. Le figuier encrasse rapidement les installations, surtout les foyers fermés, inserts ou poêles modernes.
Autre souci fréquent : les projections car le figuier a tendance à produire des étincelles et des crépitements soudains. Cela peut présenter un risque, surtout en l’absence de pare-feu. Sa combustion n’est pas stable, ce qui rend l’expérience peu agréable et parfois imprévisible.
Néanmoins, le figuier peut être envisagé dans certains cas, à condition d’en limiter l’usage :
- Bois d’allumage : il s’enflamme rapidement, utile pour démarrer un feu
- Flambée ponctuelle : en mi-saison ou pour chauffer brièvement une pièce
- Usage extérieur : idéal pour un feu de jardin ou un brasero
Dans tous les cas, le figuier ne doit jamais constituer l’essence principale utilisée au quotidien. Son emploi répété réduit la durée de vie des installations et augmente les risques liés à l’encrassement.
Le stockage du figuier doit également être soigné. Son bois, légèrement spongieux, est propice aux attaques fongiques. Des champignons comme Stereum hirsutum ou Trametes versicolor s’y développent aisément s’il est entreposé dans un endroit humide ou mal ventilé.
Enfin, on notera que certaines communes soumises à des restrictions liées aux Zones à Faibles Émissions (ZFE) déconseillent, voire interdisent, l’usage régulier de bois peu performants ou trop polluants. Le figuier peut, dans ce cadre, faire l’objet de limitations locales.
Les conseils du pro
Ce que peu de sources mentionnent, c’est que le bois de figuier, une fois sec, présente une hétérogénéité interne qui peut provoquer des microfissures en combustion lente.
Cette instabilité thermique rend son usage encore moins adapté dans un foyer fermé ou une chaudière biomasse à combustion pilotée.
Certains artisans chauffagistes signalent même une odeur résiduelle tenace après sa combustion, liée à la forte concentration de furanes et de lactones, composés organiques volatils naturellement présents dans la sève du figuier.
Autre particularité : sa moelle centrale reste spongieuse même après un long séchage, ce qui favorise la carbonisation incomplète et l’accumulation de goudrons.
Des tests menés par le laboratoire FCBA sur des essences non conventionnelles ont démontré une hausse significative du taux de particules fines en combustion sèche, avec un pic au démarrage du feu, zone où le figuier est le plus instable.
Dans une logique d’optimisation thermique, l’usage du figuier en mélange avec des essences plus denses (comme le charme ou le frêne) pourrait réduire ces effets indésirables, à condition de respecter des proportions très faibles.
La combinaison d’un bois très sec et d’un tirage fort est indispensable pour limiter les émissions résiduelles. Enfin, les professionnels conseillent d’éviter de brûler les branches de petit diamètre, riches en écorce, qui contiennent le plus de composés volatils.
Du point de vue mécanique, sa combustion rapide et agressive tend à fatiguer prématurément les foyers en fonte non traitée. L’utilisation prolongée du figuier peut ainsi altérer la longévité d’une chambre de combustion mal ventilée.
Conseil pratique : un ramonage plus fréquent et ciblé
Brûler du figuier exige une vigilance accrue sur le plan de l’entretien. Sa combustion riche en composés résiduels accélère l’accumulation de créosote dans les conduits, particulièrement en zones froides où le tirage est moins vif.
Il est recommandé de procéder à un ramonage mécanique tous les trois mois si le figuier est utilisé régulièrement, contre un à deux par an avec des bois durs classiques.
L’usage d’un miroir d’inspection télescopique permet de détecter les débuts de vitrification des suies, fréquente avec cette essence. Pour les installations anciennes ou peu performantes, il est même judicieux d’effectuer un brossage rotatif par le bas, plus efficace pour décrocher les résidus collants laissés par cette essence.
Lexique
Créosote : substance goudronneuse issue de la combustion incomplète du bois. Hautement inflammable, elle s’accumule sur les parois du conduit.
Tirage : force avec laquelle l’air et les fumées circulent dans un conduit. Un bon tirage favorise une combustion complète et limite les dépôts.
Furanes : composés organiques volatils dérivés du sucre présent dans la sève, souvent libérés lors de la combustion de bois fruitiers.
Combustion pilotée : technologie permettant de moduler automatiquement l’apport d’air pour optimiser la combustion dans certains appareils modernes.
Moelle : tissu central et spongieux présent dans certaines essences de bois, qui brûle mal et peut libérer des composés gênants à la combustion.
Brossage rotatif : méthode de ramonage utilisant une tête rotative motorisée pour nettoyer les conduits, plus efficace que les brosses classiques dans certains cas.
Toutes les essences de bois à bruler dans un poêle à bois
- Bruler de l’Acacia dans un poêle à bois
- Bruler de l’Aulne dans un poêle à bois
- Bruler du Bouleau dans un poêle à bois
- Brûler du Cerisier dans un poêle à bois
- Bruler du Charme dans un poêle à bois
- Bruler du Châtaignier dans un poêle à bois
- Bruler du Chêne dans un poêle à bois
- Bruler de l’Erable dans un poêle à bois
- Bruler du Figuier dans un poêle à bois
- Bruler du Frêne dans un poêle à bois
- Bruler de l’hêtre dans un poêle à bois
- Bruler du Noyer dans un poêle à bois
- Bruler de l’Orme dans un poêle à bois
- Bruler du Peuplier dans un poêle à bois
- Bruler du Platane dans un poêle à bois
- Bruler du Saule dans un poêle à bois