Bois à bruler dans un poêle à bois Peut on bruler du Figuier dans un poêle à bois ?

Peut on bruler du Figuier dans un poêle à bois ?

Le figuier pousse souvent à la lisière des jardins, dans des zones où la terre est généreuse et le soleil bien présent. Arbre méditerranéen par excellence, le Ficus carica est davantage connu pour ses fruits que pour ses qualités de bois de chauffage. Pourtant, lorsqu’un vieux figuier dépérit ou doit être abattu, la question se pose : le figuier est-il un bois à bruler dans un poêle à bois ? Et surtout, est-ce une essence recommandable pour le chauffage domestique ? Avant de charger une flambée de figuier, mieux vaut s’interroger en détail sur ses propriétés thermiques, son comportement à la combustion et les éventuels risques pour l’installation.

Des caractéristiques physiques peu favorables

Le bois de figuier est considéré comme un feuillu tendre, il se distingue par une densité relativement faible, qui joue directement sur sa valeur calorifique.

Contrairement aux bois denses comme le chêne vert, le charme ou le hêtre, il brûle rapidement, produit moins de braises et laisse peu de chaleur résiduelle.

Voici un tableau comparatif des propriétés physiques et énergétiques du figuier, en lien avec d’autres essences plus couramment utilisées :

Essence Densité apparente (kg/m³) à 15% d’humidité Pouvoir calorifique (kWh/stère) Taux de résidus (cendres, goudrons) Durée de combustion Appréciation générale
Figuier 540 1 400 à 1 600 Élevé Brève Déconseillé
Chêne 700 2 100 à 2 300 Faible Longue Très bon
Hêtre 680 1 900 à 2 100 Modéré Longue Bon
Bouleau 600 1 800 Modéré Moyenne Acceptable
Peuplier 480 1 400 Élevé Brève Médiocre

Son bois présente également une texture fibreuse et poreuse, qui favorise l’émission de créosote. Cette substance goudronneuse, en se déposant sur les parois des conduits, accroît le risque de feu de cheminée.

Les professionnels du ramonage constatent d’ailleurs que le bois de figuier figure parmi les essences générant des dépôts bitumineux supérieurs à la moyenne.

Enfin, le figuier dégage une odeur âcre à la combustion, et parfois des émissions de fumée épaisses, qui peuvent gêner dans des foyers ouverts.

Des usages ponctuels mais encadrés

Il arrive que le figuier soit utilisé pour l’allumage ou lors de périodes de dépannage, quand le bois sec vient à manquer. Dans ce cadre restreint, il peut rendre service, à condition de respecter certaines précautions.

Voici quelques recommandations si vous décidez malgré tout de brûler du bois de figuier :

  • n’utiliser que du bois parfaitement sec (2 ans de séchage minimum)
  • privilégier des bûches fendues de petit diamètre, pour éviter les départs de flammes trop vifs
  • alterner avec des essences plus denses pour lisser la combustion
  • éviter les poêles à double combustion ou les chaudières bois, qui exigent un rendement élevé

Son emploi peut s’avérer acceptable dans des foyers ouverts rustiques ou dans des inserts anciens. Les appareils récents, conçus pour une combustion lente et optimisée, ne tireront aucun bénéfice de ce bois léger.

Verdict thermique et usage raisonné

Le bois de figuier souffre d’un double handicap : un faible rendement énergétique et une combustion peu propre. En dehors d’un usage occasionnel ou contraint, il ne peut rivaliser avec les essences les plus performantes. Le figuier ne fait pas partie des bois dits “G1”, qui regroupent les essences dures les plus recommandées selon la norme NF B50-003.

Certes, brûler du figuier ne mettra pas immédiatement en danger votre installation, mais l’accumulation des goudrons et des suies pose un véritable problème d’entretien. Son pouvoir calorifique bas en fait aussi un mauvais candidat pour chauffer une habitation de manière régulière.

Enfin, son séchage doit être rigoureux. Le figuier contient beaucoup de sève et d’humidité résiduelle, ce qui le rend impropre à la combustion fraîche. Même sec, il ne développe ni les braises ni la chaleur douce que recherchent les utilisateurs de poêle.

Les conseils du pro

Le figuier présente une structure lignocellulosique atypique : ses fibres sont larges, dispersées, et peu chargées en lignine, ce qui explique sa combustion rapide et désordonnée.

En l’absence de tannins protecteurs et de silice dans ses tissus, il se consume sans offrir de résistance thermique stable. Ce bois reste également très hydrophile, ce qui rend son séchage long et inégal si les bûches ne sont pas parfaitement ventilées.

D’un point de vue thermique, sa faible densité entraîne un faible rayonnement infrarouge. Résultat : le pouvoir chauffant ressenti est inférieur à ce que laisse penser la flambée.

L’utilisateur est souvent trompé par une flamme vive mais trompeusement « chaude », qui ne chauffe ni l’air ambiant ni les matériaux environnants avec efficacité.

Ce phénomène peut avoir un impact sur la qualité de l’air intérieur, surtout en foyer ouvert. Un autre point rarement mentionné : la combustion du figuier laisse parfois un dépôt blanchâtre acide sur les grilles ou les vitres, dû à la présence de latex résiduel dans la sève. Ce latex, même sec, se retransforme en fumée acide au contact du feu, accélérant la corrosion de certains métaux.

Conseil pratique : ramonage renforcé et nettoyage préventif

Lorsque le figuier est brûlé, même occasionnellement, le taux de créosote généré peut doubler en comparaison avec une combustion de hêtre ou de charme. Pour limiter les risques, il est recommandé de raccourcir la fréquence habituelle du ramonage : deux fois par an au lieu d’une seule, en ciblant bien la période qui suit la combustion du figuier.

Il est également judicieux d’utiliser, après une série de flambées contenant du figuier, des bûches de ramonage catalytiques (à base d’oxydes métalliques), capables de décomposer une partie des goudrons à haute température.

N’hésitez pas à vérifier visuellement l’état de votre conduit avec une caméra télescopique si vous avez un accès sécurisé au haut du conduit. En cas de suie collante ou de dépôt noir luisant, n’utilisez plus de bois tendre tant qu’un nettoyage manuel n’a pas été effectué par un professionnel certifié. Cela évitera des désagréments majeurs, voire un sinistre.

Lexique

Lignine : polymère naturel présent dans le bois, responsable de sa rigidité. Plus un bois est riche en lignine, plus il est dense et performant à la combustion.

Créosote : résidu goudronneux issu de la combustion incomplète du bois, pouvant s’accumuler dans les conduits et provoquer des feux de cheminée.

COV (Composés organiques volatils) : substances chimiques qui s’évaporent facilement à température ambiante. Certaines sont irritantes ou toxiques.

Hydrophile : se dit d’un matériau qui absorbe facilement l’humidité.

Rayonnement infrarouge : chaleur transmise par rayonnement à travers les flammes, perceptible même sans contact direct.

Bûche catalytique : bûche contenant des additifs chimiques qui favorisent la décomposition des suies et goudrons à haute température.

Foyer ouvert : cheminée traditionnelle sans vitre, où la combustion est à l’air libre.

Foyer fermé : insert ou poêle avec vitre, permettant une combustion contrôlée et plus performante.

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