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Epaisseur de l'isolation d'un mur selon la norme RT 2020

Alors que la RE 2020 s’impose comme le nouveau standard de la construction neuve, la question de l’épaisseur d’isolation des murs suscite de nombreuses interrogations chez les porteurs de projet. Viser un bâtiment à faible consommation énergétique sans sacrifier la surface habitable exige un calibrage précis des isolants, à la croisée des contraintes climatiques, des performances thermiques et des matériaux choisis. De la laine de roche à la fibre de bois en passant par le polyuréthane, chaque option influe sur l’épaisseur nécessaire pour atteindre un R adapté aux zones H1, H2 ou H3. L’enjeu : conjuguer confort d’été, résistance thermique et faible impact carbone, conformément aux exigences de la réglementation environnementale en vigueur. Voici tout ce que vous devez savoir sur l’épaisseur d’isolation à prévoir selon la norme RT 2020.

Tableau des épaisseurs d’isolation RT 2020

Le tableau ci-dessous présente les épaisseurs recommandées en fonction des matériaux et des objectifs de R :

Matériau isolant Conductivité thermique (W/m.K) Épaisseur pour R = 2 Épaisseur pour R = 2,2 Épaisseur pour R = 2,9 Épaisseur pour R = 5
Laine de verre 0,040 8 cm 8,8 cm 11,6 cm 20 cm
Laine de roche 0,045 9 cm 9,9 cm 13,1 cm 22,5 cm
Fibre de bois 0,049 9,8 cm 10,8 cm 14,2 cm 24,5 cm
Ouate de cellulose 0,041 8,2 cm 9 cm 11,9 cm 20,5 cm
Polystyrène 0,032 6,4 cm 7 cm 9,3 cm 16 cm
Polyuréthane en panneaux 0,022 4,4 cm 4,8 cm 6,4 cm 11 cm

Ce tableau facilite le choix d’un isolant en fonction des zones climatiques et des performances thermiques ciblées, garantissant une conception rigoureuse et adaptée aux exigences de la RE 2020.

Les exigences de performance imposées par la RE 2020

La Réglementation Environnementale 2020 poursuit plusieurs objectifs :

  • Limiter la consommation énergétique à 100 kWh/m²/an avec 12 kWh/m²/an pour le chauffage
  • Réduire les émissions à 4 kgCO₂/m²/an
  • Favoriser l’usage de matériaux biosourcés et d’énergies renouvelables pour viser le BEPOS
  • Maintenir une température intérieure supportable pendant les vagues de chaleur

Vers une augmentation des épaisseurs d’isolation murale

La RE 2020 n’impose pas une épaisseur unique mais encourage l’atteinte d’un niveau global de performance avec un U proche de 0,16 W/m².K.

Cet objectif conduit souvent à installer lors du choix de l’épaisseur de l’isolant du mur extérieur 25 à 30 cm d’isolant, marquant une nette évolution par rapport aux prescriptions de la RT 2012.
L’approche privilégie les solutions combinant faible conductivité, inertie thermique et respect des contraintes environnementales.

La résistance thermique comme repère de conception

Le choix de l’épaisseur d’isolation s’articule autour du coefficient R :

  • Zones H1 et H2 : R de 2,9 m².K/W pour murs extérieurs
  • Zone H3 : R de 2,2 m².K/W pour murs extérieurs
  • Murs sur volume non chauffé : R minimal de 2 m².K/W

Ces références assurent un dimensionnement compatible avec les ambitions de performance de la RE 2020.

Isolation des murs intérieurs et extérieurs : critères techniques

L’isolation par l’intérieur permet de réduire les pertes thermiques en limitant l’emprise sur l’espace, tandis que l’isolation par l’extérieur garantit la suppression des ponts thermiques, renforçant l’efficacité énergétique globale.

La recherche d’un R minimal conforme à la zone climatique reste le critère prioritaire, quelle que soit la technique choisie.

Composer une paroi sur mur parpaing : isolant et placo

Dans une configuration parpaing + isolant + placo :

  • Respect de la RE 2020 : isolant de 8 à 16 cm selon le matériau
  • Niveau BEPOS : isolant de 20 à 30 cm selon le climat et le choix des matériaux

Cette méthode d’isolation des murs ajuste les épaisseurs sans compromis sur la résistance thermique.

Choisir les bons matériaux pour une isolation performante

Certains matériaux se distinguent :

  • La fibre de bois assure un bon déphasage thermique
  • Le polyuréthane réduit l’épaisseur nécessaire
  • Les isolants sous vide garantissent un gain de place significatif

Ces choix soutiennent la recherche de faible conductivité thermique tout en contribuant à une meilleure efficacité énergétique.

Application de la RE 2020 en rénovation

Les travaux de rénovation relèvent de la réglementation « élément par élément » mais peuvent s’aligner sur les performances de la RE 2020 afin de profiter d’aides financières et d’anticiper les futures normes tout en améliorant le confort thermique.

Cette anticipation permet également de valoriser le bien immobilier lors d’une revente en répondant aux attentes des acquéreurs de plus en plus attentifs aux étiquettes DPE et à la qualité de l’enveloppe thermique.

La RE 2020 s’impose-t-elle à tous les bâtiments ?

La réglementation environnementale 2020 s’applique de manière obligatoire à l’ensemble des constructions neuves depuis le 1ᵉʳ janvier 2022, après avoir été instaurée dès 2018 pour les bâtiments publics neufs.

Pour rappel, le dispositif de réglementation thermique a été instauré dès 1974 avec pour objectif de réduire la consommation énergétique dans le secteur du bâtiment, avant d’évoluer successivement vers la RT 2000 puis la RT 2005.

Conseils du pro pour dimensionner votre isolation murale en RE 2020

Pour optimiser votre isolation murale sous RE 2020, privilégiez un calepinage précis des panneaux isolants afin de réduire les ponts thermiques linéiques et améliorer le coefficient Ψ (psi) de vos jonctions, souvent négligé mais déterminant pour la performance réelle.

Recourez aux tests d’infiltrométrie dès le hors d’eau/hors d’air afin de vérifier l’étanchéité avant pose des revêtements.

L’usage de fibre de bois haute densité (≥110 kg/m³), en complément d’un frein vapeur hygrovariable (type Intello ou Proclima), permet non seulement d’améliorer le confort d’été grâce au déphasage thermique (jusqu’à 12 heures) mais également de réguler l’hygrométrie dans les parois, réduisant les risques de condensation interstitielle.

Selon le guide « Isolation thermique des bâtiments » du CSTB (Réf. 3728), l’inertie thermique du mur joue un rôle clé dans le confort estival : associer un isolant performant à une masse thermique interne (mur béton, brique monomur) stabilise la température intérieure, un point crucial dans les zones H3.

Enfin, privilégiez les isolants biosourcés disposant d’une FDES vérifiée sur INIES.fr pour faciliter le calcul de votre IC dans l’attestation RE 2020 de fin de chantier que vous fassiez une isolation thermique des murs par l’extérieur lors d’une rénovation ou qu’elle se fasse directement lors de la construction.

Conseil pratique

Avant de valider l’épaisseur finale de votre isolation, réalisez une simulation thermique dynamique (STD) ou, a minima, une simulation réglementaire RE 2020 via un bureau d’étude thermique indépendant (exemple : Pouget Consultants, Bastide Bondoux).

Cette démarche vous permettra d’ajuster l’épaisseur d’isolant selon le type de mur, le climat local, et les objectifs de consommation, tout en prenant en compte le confort d’été pour éviter une sur-isolation qui peut paradoxalement générer une surchauffe estivale.

Lexique

Calepinage : plan de pose optimisé des panneaux d’isolant visant à réduire les découpes et les ponts thermiques

Pont thermique linéique (Ψ) : perte de chaleur spécifique sur les jonctions (dalle, mur, toiture), exprimée en W/m.K

Déphasage thermique : durée nécessaire à la chaleur extérieure pour traverser l’isolant, exprimée en heures

Infiltrométrie : test de perméabilité à l’air du bâtiment mesurant les fuites d’air indésirables

FDES (Fiche de Déclaration Environnementale et Sanitaire) : document normalisé indiquant l’impact environnemental des matériaux de construction, validé par INIES

Simulation Thermique Dynamique (STD) : outil de calcul simulant le comportement thermique d’un bâtiment heure par heure sur l’année

Frein vapeur hygrovariable : membrane permettant de gérer la vapeur d’eau dans les parois selon l’hygrométrie ambiante, protégeant l’isolant des condensations internes