Bois à bruler dans une cheminée Peut-on bruler de l’acacia dans une cheminée?

Peut-on bruler de l’acacia dans une cheminée?

Parmi les nombreuses essences utilisées pour alimenter les cheminées domestiques, le robinier, souvent confondu avec l’acacia, intrigue autant qu’il interroge. Présent sur le territoire français depuis plusieurs siècles, ce feuillu atypique offre une combustion vive, mais pas sans particularités. Si sa flamme est séduisante, ses projections peuvent inquiéter. Son utilisation dépend donc autant de la nature de votre installation que de la manière dont il est stocké. Pour savoir s’il mérite sa place aux côtés du chêne ou du charme, il faut d’abord en comprendre les caractéristiques réelles et déterminer si c’est un bois à bruler dans une cheminée ou non.

Un arbre naturalisé aux origines trompeuses

Le terme « acacia » utilisé en France désigne en réalité le robinier faux-acacia, une espèce nord-américaine implantée dès le XVIIe siècle dans les jardins européens.
Bien distincts des acacias tropicaux du genre Acacia présents notamment en Australie ou en Afrique, les robiniers ont su prospérer dans nos climats tempérés.

Certains spécimens historiques subsistent encore à Paris, au square René Viviani ou au Jardin des Plantes, témoins de cette introduction ancienne. Ce bois issu d’un feuillu à croissance rapide est désormais abondamment disponible en France, en lisière de forêts ou en zones rurales.

Un bois intermédiaire à combustion vive

Le robinier appartient à la catégorie des feuillus mi-durs, il ne rivalise pas avec le charme ou le hêtre en longévité de combustion, mais reste largement plus performant que les essences tendres comme le peuplier.

Son pouvoir calorifique, proche de 1 900 kWh/m³, en fait un combustible efficace pour des chauffages ponctuels.

Il offre une chaleur rapide mais moins persistante, ce qui nécessite une vigilance dans le rythme d’alimentation. Surtout, il produit des escarbilles : ces fragments incandescents propulsés hors du foyer imposent l’usage exclusif dans un système fermé.

L’humidité, paramètre décisif pour le rendement

Avant de s’intéresser à l’essence elle-même, c’est le taux d’humidité du bois qui conditionne sa qualité de combustion. Un bois frais, même de bonne essence, dégradera fortement les performances du foyer et provoquera l’encrassement du conduit :

  • Un robinier bien sec chauffera mieux qu’un chêne humide
  • Le bois humide encrasse rapidement les appareils et nécessite plus d’entretien

Pour garantir un bon rendement, il faut que le bois affiche moins de 20 % d’humidité. Cela suppose un séchage rigoureux d’au moins deux ans en milieu ventilé, ou l’achat de bûches préalablement séchées en étuve.

Indices d’un bois prêt à brûler :

  • Craque lorsqu’on le fend
  • Dégage un son creux au choc
  • Perd naturellement son écorce

Le robinier, un choix judicieux sous certaines conditions

Le robinier peut s’intégrer sans difficulté à un stock de bois de chauffage domestique. Sa densité, son rendement et sa rapidité de séchage sont des atouts, notamment pour compléter des essences plus lourdes. En revanche, ses projections incandescentes restreignent son usage aux installations fermées.

Bien exploité, ce bois moins connu peut constituer une alternative locale intéressante, à condition de respecter ses contraintes spécifiques.

Les conseils du pro

Le robinier, souvent sous-estimé, se distingue par une combustion nerveuse, presque fulgurante, ce qui le rend idéal pour relancer un feu déjà amorcé ou pour chauffer rapidement une pièce peu volumineuse.

Il présente une valeur calorifique massique élevée (environ 4,2 kWh/kg), comparable à celle du charme ou du chêne, mais sa densité spécifique en fait un bois qui claque en brûlant, phénomène souvent recherché dans certains usages en poêle à inertie.

Grâce à sa structure cellulaire riche en fibres dures, il se fend relativement bien malgré sa robustesse apparente, ce qui facilite son usage même avec des outils manuels.

Certains artisans bûcherons l’apprécient pour sa faible rétractabilité après séchage : il garde une bonne tenue dimensionnelle et ne vrille pas. Son pouvoir calorifique volumique reste stable au fil des années, ce qui permet de constituer un stock sur le long terme sans perte de rendement thermique.

Ce bois a une faible sensibilité aux champignons lignivores, ce qui limite les risques de dégradation pendant le stockage, même dans des conditions non optimales.

Dans certaines régions du Massif central et du Périgord, il est d’ailleurs utilisé comme bois principal en saison intermédiaire, notamment pour les maisons en pierre mal isolées, où les besoins en chauffage sont brefs mais intenses.

Des retours d’expérience d’utilisateurs en Auvergne ou dans les Hautes-Alpes indiquent une stabilité dans les performances calorifiques même après trois à quatre hivers de stockage.
Il faut toutefois veiller à ne pas mélanger trop de robinier avec des bois très résineux comme le pin ou l’épicéa, sous peine d’altérer la qualité du tirage.

Conseil pratique pour le ramonage

Le robinier, en raison de sa combustion vive et de la température élevée qu’il dégage rapidement, a tendance à accentuer le dessèchement des dépôts dans les conduits.

Ces dépôts, sous forme de suie pulvérulente, peuvent se détacher par plaques si l’on alterne fréquemment ce bois avec des essences plus humides.
Il est donc recommandé de pratiquer un ramonage mécanique tous les six mois si le robinier constitue plus de 50 % du bois brûlé durant la saison.

Dans les installations anciennes ou peu étanches, un ramonage complémentaire par poudre neutralisante peut aussi prévenir l’accumulation de créosote.

Pensez à inspecter les parois vitrées des inserts : ce bois laisse peu de goudron, mais peut former un léger voile blanchâtre dû à la combustion rapide. Une simple brosse en laiton suffit généralement à l’éliminer à froid.

Lexique

Robinier faux-acacia : arbre de la famille des Fabaceae, souvent confondu avec l’acacia véritable, utilisé en France pour le bois de chauffage.

Escarbilles : petites particules incandescentes projetées hors du foyer lors de la combustion de certains bois.

Pouvoir calorifique massique : quantité d’énergie libérée par la combustion d’un kilogramme de bois sec.

Pouvoir calorifique volumique : énergie dégagée par unité de volume (en m³) de bois, utile pour évaluer la performance globale d’un stère.

Suie pulvérulente : dépôt noir et friable qui se forme dans les conduits de fumée, moins dangereux que la créosote mais à surveiller.

Créosote : substance goudronneuse issue de la combustion incomplète du bois humide, hautement inflammable lorsqu’elle s’accumule.

Tirage : mouvement de l’air dans le conduit de cheminée permettant l’évacuation des fumées et l’alimentation du feu en oxygène.

Ramonage mécanique : opération physique consistant à nettoyer les parois internes du conduit à l’aide d’un hérisson ou d’une brosse métallique.

Bois rétractable : bois qui a tendance à se déformer en séchant, en se tordant ou en se fendant. Le robinier en est peu sujet.

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