À l’approche de l’hiver, nombreux sont ceux qui scrutent leur stock de bois de chauffage et s’interrogent sur la qualité des essences disponibles. Parmi elles, l’aulne, souvent négligé ou relégué au second plan, suscite des avis partagés. Ce feuillu, courant dans les zones humides et les bords de rivière, ne fait pas partie des stars du foyer comme le chêne ou le hêtre. Pourtant, on le retrouve dans certains fagots vendus à prix modique. Le bois d’aulne brûle facilement, sèche vite, et son prix est généralement attractif. Des qualités qui peuvent séduire à première vue. Mais qu’en est-il de son rendement calorifique, de sa combustion ou encore de son comportement en foyer fermé ? Est-ce un bois à bruler dans une cheminée ou à reléguer au rang de bois d’appoint ?
Un feuillu tendre aux usages spécifiques
L’aulne commun (Alnus glutinosa) et l’aulne blanc (Alnus incana) sont deux essences largement répandues dans les zones humides de France. Leur bois, de teinte claire et au grain fin, appartient à la catégorie des feuillus tendres.
Avec une masse volumique sèche d’environ 470 kg/m³, l’aulne se situe bien en dessous des valeurs des bois denses comme le chêne ou le charme.
Cette densité relativement faible explique en partie son comportement particulier lors de la combustion. L’aulne sèche rapidement et il atteint un taux d’humidité inférieur à 20 % en moins de neuf mois, ce qui en fait une essence très appréciée pour l’allumage rapide d’un feu.
Sa structure interne, riche en fibres peu serrées, facilite l’embrasement même avec une faible montée en température.
Mais cette facilité de mise à feu a un revers : une combustion brève, une production de braises quasi inexistante, et un rendement énergétique limité.
Pour un foyer fermé ou un insert moderne, cela signifie une autonomie réduite et des rechargements fréquents. Dans une cheminée ouverte, les flammes vives de l’aulne procurent un bel effet visuel, mais avec peu de chaleur durable.
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Évaluation thermique et comparaison
Pour mieux situer l’aulne parmi les autres bois de chauffage disponibles sur le marché, voici un tableau synthétique présentant ses caractéristiques comparées à celles d’essences plus courantes :
Essence de bois | Pouvoir calorifique (kWh/m³ apparent) | Masse volumique sèche (kg/m³) | Temps de séchage moyen | Production de braises | Comportement au foyer |
---|---|---|---|---|---|
Aulne | 1 500 à 1 600 | ≈ 470 | 6 à 9 mois | Faible | Flammes vives, combustion rapide |
Chêne | 2 000 à 2 200 | 700 à 750 | 18 à 24 mois | Excellente | Combustion lente, chaleur durable |
Hêtre | 1 900 à 2 100 | ≈ 720 | 18 mois | Très bonne | Flamme régulière, bonne tenue |
Bouleau | 1 800 à 1 900 | ≈ 600 | 12 mois | Moyenne | Allumage facile, peu de résidus |
Peuplier | 1 400 à 1 500 | ≈ 450 | 6 à 9 mois | Faible | Flamme courte, combustion fugace |
Sur le plan calorifique, l’aulne affiche des résultats modestes. Sa combustion produit moins de chaleur par mètre cube que les bois durs, ce qui le rend peu adapté à un usage principal ou prolongé en période de grand froid. En revanche, son séchage rapide et sa combustion propre le rendent utile pour certaines situations spécifiques.
Voici dans quels contextes le bois d’aulne peut être avantageusement utilisé :
- Pour l’allumage ou la relance du feu, grâce à son inflammabilité
- En complément d’essences plus denses comme le hêtre ou le chêne
- Durant l’automne ou le printemps, quand les besoins en chaleur sont modérés
- Dans des poêles performants ou inserts à combustion lente bien réglés
Les conseils du pro
Le bois d’aulne, bien qu’apparenté aux essences dites secondaires, présente des caractéristiques singulières qui peuvent intéresser les utilisateurs avertis.
Peu de gens savent que sa faible teneur en tanins le rend moins corrosif pour les composants métalliques des appareils de chauffage, ce qui en fait un choix judicieux pour les foyers en fonte non émaillée.
Dans certaines régions alluviales comme la vallée de la Saône, les bûcherons locaux l’utilisent également pour ses propriétés de séchage accéléré, en le stockant verticalement pour éviter le bleuissement du bois dû à l’humidité stagnante.
Un autre atout peu mis en avant réside dans sa combustion homogène : l’aulne dégage peu de créosote en comparaison avec d’autres feuillus tendres, à condition qu’il soit parfaitement sec.
Ce facteur en fait un candidat intéressant pour les phases de transition thermique, entre deux périodes de forte demande énergétique. Il est aussi parfois utilisé en mélange dans les bois compressés ou densifiés, en raison de son faible taux de silice et de sa compatibilité avec les colles végétales.
Certains utilisateurs, notamment dans les Hautes-Alpes, l’apprécient pour ses flammes vives et ses faibles émissions olfactives, ce qui le rend agréable lors de flambées d’ambiance dans les habitats en altitude.
Entretien du conduit : vigilance sur le ramonage
Le bois d’aulne, bien qu’il encrasse moins que des essences résineuses, brûle rapidement et produit une combustion vive, parfois incomplète si le tirage est mal régulé.
Cette situation peut provoquer des dépôts légers mais fréquents, en particulier dans les conduits anciens en boisseau non tubé. Il est donc recommandé, en cas d’usage régulier de cette essence, de ramoner deux fois par an, même si le code de l’environnement en impose une seule.
Un balayage mécanique est préférable à un simple ramonage chimique pour éliminer les dépôts pulvérulents.
Les installateurs certifiés Qualibois conseillent aussi de surveiller la température moyenne de combustion : un feu trop peu intense, alimenté seulement par de l’aulne, peut favoriser la condensation interne et accélérer la formation de bistre.
Lexique
Feuillus tendres : catégories de bois issus d’arbres à feuilles caduques, peu denses, qui brûlent rapidement et génèrent peu de braises (ex. : peuplier, aulne, saule).
Créosote : substance goudronneuse issue d’une combustion incomplète du bois, qui se dépose dans les conduits de fumée et peut provoquer des feux de cheminée.
Bistre : dépôt brun-noir formé par la condensation des fumées dans les conduits froids ou mal isolés. Très inflammable, il nécessite un ramonage spécifique.
Tirage : dépression naturelle ou assistée qui permet aux fumées de s’évacuer correctement par le conduit. Un tirage insuffisant peut provoquer un refoulement ou une mauvaise combustion.
Boisseau : élément en béton ou en terre cuite formant le conduit de cheminée dans la maçonnerie. Peut être tubé ou non.
ONF (Office national des forêts) : établissement public chargé de la gestion des forêts domaniales et communales en France, notamment en matière de coupes et de reboisement.
Toutes les essences de bois à bruler dans une cheminée
- Bruler de l’Acacia dans une cheminée
- Bruler de l’Aulne dans une cheminée
- Bruler du Bouleau dans une cheminée
- Bruler du Cerisier dans une cheminée
- Bruler du Charme dans une cheminée
- Bruler du Châtaignier dans une cheminée
- Bruler du Chêne dans une cheminée
- Bruler de l’Erable dans une cheminée
- Bruler du Figuier dans une cheminée
- Bruler du Frêne dans une cheminée
- Bruler de l’Hêtre dans une cheminée
- Brûler du Noyer dans une cheminée
- Bruler de l’Orme dans une cheminée
- Bruler du Peuplier dans une cheminée
- Bruler du Platane dans une cheminée
- Bruler du Saule dans une cheminée