Bois à bruler dans une cheminée Peut-on bruler du cerisier dans une cheminée?

Peut-on bruler du cerisier dans une cheminée?

Le bois de cerisier, prisé pour son aspect ornemental et ses fruits, suscite un intérêt discret lorsqu’il s’agit de le brûler dans une cheminée. Contrairement au chêne ou au charme, ce feuillu fruitier est rarement considéré comme un bois à bruler dans une cheminée. Pourtant, ceux qui disposent de cerisiers morts ou à abattre peuvent se demander si leur bois mérite une place dans le foyer. Son comportement à la combustion, sa densité et sa capacité calorifique méritent qu’on s’y attarde. Utilisé seul ou en complément, le cerisier offre des atouts spécifiques, à condition de connaître ses limites. Voici un tour d’horizon complet de son potentiel énergétique.

Comment les bois de chauffage sont-ils hiérarchisés ?

Une nomenclature technique permet de classer les bois selon deux critères fondamentaux : l’humidité résiduelle (lettre H) et l’essence d’origine (lettre G). Cette classification aide à anticiper le rendement thermique d’un bois et son comportement à la combustion.

La lettre G, qui catégorise l’essence, se divise comme suit :

  • G1 : feuillus durs tels que le hêtre, le chêne, le charme, très recherchés pour leur rendement élevé et leur braise persistante
  • G2 : feuillus mi-durs, groupe des fruitiers (prunier, pommier, cerisier…), au pouvoir calorifique intermédiaire
  • G3 : bois tendres et résineux comme le bouleau, le peuplier ou l’épicéa à combustion vive mais brève

Ce que vaut le bois de cerisier dans la cheminée

Issu du genre Prunus, le cerisier est un feuillu mi-dur, à mi-chemin entre les essences nobles et les bois plus légers. Son cœur dense et sa fibre régulière en font un bois agréable à travailler, mais aussi à brûler.

Ses principales propriétés en tant que bois de chauffe :

  • Pouvoir calorifique moyen, supérieur à celui des résineux mais inférieur aux bois très denses
  • Flamme vive, bien adaptée à une montée rapide en température
  • Production de braises modérée, ce qui limite la restitution de chaleur dans le temps
  • Odeur boisée douce, parfois décrite comme sucrée, qui rend sa combustion plaisante dans une cheminée ouverte

Séchage, rendement et comportement à la combustion

Comme tous les bois, le cerisier contient une forte proportion d’humidité lorsqu’il est fraîchement coupé : autour de 50 %. Ce taux doit impérativement descendre sous les 20 % pour garantir une bonne combustion.

Cela implique un séchage sous abri ventilé pendant deux années minimum.

Un bois mal séché génère plusieurs désagréments :

  • Combustion inefficace, avec flammes instables et chaleur irrégulière
  • Encrassement du conduit, favorisant la formation de bistre
  • Émissions polluantes accrues, nuisant à la qualité de l’air et à la performance de l’appareil

Exploitation et valorisation du cerisier comme combustible

Le bois de cerisier est rarement commercialisé comme bois de chauffage. Son usage reste circonscrit à un cadre domestique, notamment dans les zones rurales ou les vergers familiaux.

Il est généralement valorisé après l’abattage d’un arbre malade ou sénescent, dans le cadre d’un élagage ou d’un renouvellement d’arbres fruitiers, ou encore en complément d’autres bois plus calorifiques.

Brûlé seul, il s’avère pratique pour les flambées rapides ou le chauffage ponctuel, à condition d’être bien sec. Il ne présente aucun risque pour l’installation si les normes de séchage et d’entretien sont respectées.

Les conseils du pro

Lorsque l’on travaille depuis des années avec des foyers à bois, on apprend à reconnaître les essences qui, même modestes, méritent d’être exploitées avec finesse.

Le cerisier, s’il est bien traité, peut rivaliser avec des bois réputés plus nobles, surtout dans le contexte d’une combustion maîtrisée. Son taux de silice naturellement bas permet, par exemple, de limiter l’abrasion des conduits, ce qui en fait un bon candidat pour les cheminées anciennes en maçonnerie.
Son éclatement est quasi nul à la chauffe, réduisant ainsi les projections dans les foyers ouverts.

Dans un poêle à double combustion, le cerisier montre un bon rendement si le tirage est correctement ajusté. On constate également une teneur modérée en tanins, ce qui réduit les crépitements intempestifs.

Certains artisans-fumistes en Alsace et en Corrèze recommandent même son usage lors de flambées de mi-saison, car il monte rapidement en température sans engorger les installations.

Pour un usage optimal, le cerisier peut être couplé à du bois de chêne ou de charme dans une logique de combustion séquencée : il sert alors à lancer le feu avant que les bois plus denses ne prennent le relais.

Ce principe, appelé chauffage à paliers, est souvent utilisé dans les foyers à accumulation thermique comme les poêles de masse Tulikivi ou Austroflamm.

Conseil pratique sur le ramonage

Le bois de cerisier, du fait de sa densité moyenne et de sa combustion relativement propre, ne produit pas une suie très adhérente. Néanmoins, son usage répété, surtout si le bois est légèrement trop vert ou insuffisamment ventilé, peut provoquer une accumulation lente de goudrons condensés sur les parois du conduit.

Pour éviter toute formation de bistre, il est recommandé d’effectuer deux ramonages par an, surtout si l’installation est utilisée quotidiennement pendant la saison froide.

L’idéal est de programmer un ramonage mécanique avant l’hiver, suivi d’un nettoyage complémentaire au printemps, qui peut être chimique ou mécanique selon l’état du conduit.

Évitez absolument de brûler du bois de cerisier fraîchement coupé, car sa vapeur d’eau chargée en composés organiques volatils augmente les risques de dépôts.

Lexique

  • Tanins : substances végétales naturellement présentes dans le bois, qui influencent son comportement à la combustion et peuvent provoquer des crépitements ou des fumées acides
  • Bistre : dépôt noirâtre, goudronneux et inflammable qui se forme dans les conduits de fumée mal entretenus ou mal ventilés
  • Double combustion : technologie utilisée dans certains poêles à bois permettant de brûler les gaz imbrûlés lors d’une seconde phase, augmentant ainsi le rendement et réduisant les émissions
  • Silice : composant minéral présent dans certains bois qui, à haute température, peut user prématurément les parois métalliques ou en brique réfractaire d’un conduit
  • Tirage : aspiration naturelle ou mécanique des fumées dans un conduit, essentielle pour assurer une bonne combustion et éviter les refoulements de fumée dans l’habitat
  • Chauffage à paliers : méthode consistant à démarrer un feu avec un bois léger à combustion vive, puis à enchaîner avec des bois plus denses pour prolonger la chauffe
  • Bûche de ramonage : bûche traitée chimiquement que l’on brûle dans un foyer pour aider à décoller les dépôts de suie sur les parois du conduit