Partout en France, le chêne peuple les forêts et alimente les cheminées. Cette essence robuste, utilisée depuis des siècles pour ses qualités mécaniques, s’invite aussi dans les foyers domestiques comme combustible. Face à la diversité des bois disponibles, beaucoup s’interrogent sur la pertinence du chêne en tant que bois à bruler dans une cheminée. Son pouvoir calorifique, sa combustion lente et ses propriétés naturelles en font-il une solution fiable pour chauffer un logement ? Encore faut-il savoir comment l’exploiter au mieux pour en tirer tous les bénéfices. Analyse du bois de chêne pour une cheminée qui ne manque pas d’atouts.
Bien identifier les essences selon leur potentiel calorifique
Le rendement d’un appareil de chauffage au bois dépend étroitement de l’essence utilisée. Trois grandes familles se distinguent selon leur densité, leur comportement à la combustion et leur usage recommandé :
- Les feuillus durs (G1) : chêne, charme, hêtre, frêne… Denses et énergétiquement efficaces, ils brûlent lentement et fournissent une chaleur régulière
- Les feuillus mi-durs ou tendres (G2) et les résineux (G3) : plus légers, plus volatils, ils s’enflamment rapidement mais chauffent moins durablement. Les résineux, riches en résines et en composés volatils, encrassent les installations traditionnelles
Le chêne se classe dans la catégorie G1. À ce titre, il s’inscrit parmi les bois les plus adaptés à un usage domestique. Sa densité élevée garantit une combustion maîtrisée et un bon rendement thermique, tout en limitant la fréquence de rechargement.
Ce que révèle la combustion du chêne
Le chêne, quelle que soit son espèce (pubescent, rouge d’Amérique ou sessile), présente un profil énergétique stable. Une fois sec, son pouvoir calorifique inférieur (PCI) varie entre 1 440 et 1 820 kWh par stère, à un taux d’humidité de 25 %.
Une performance qui rivalise avec les autres feuillus durs :
Essence | Catégorie | PCI à 25 % d’humidité (kWh/stère) | Profil de combustion |
---|---|---|---|
Chêne | G1 | 1 440 – 1 820 | Lente et régulière |
Charme | G1 | 1 520 – 1 900 | Longue et très chaude |
Hêtre | G1 | 1 310 – 1 680 | Vive et équilibrée |
Frêne | G1 | 1 290 – 1 750 | Rapide et homogène |
Sapin | G3 | 1 035 – 1 450 | Sèche, peu efficiente |
Cette combustion lente, qui dégage une chaleur constante, rend le chêne très apprécié pour les chauffages à inertie ou les inserts performants.
Sa richesse en tanins (des polyphénols végétaux) lui confère également une bonne résistance naturelle à l’humidité, aux champignons et aux insectes. Ce caractère imputrescible favorise une conservation longue sans perte notable de pouvoir calorifique.
Optimiser l’utilisation du chêne dans son foyer
Un bois dense comme le chêne ne livre pleinement ses qualités qu’à condition d’être correctement préparé. Sa combustion nécessite un taux d’humidité inférieur à 20 %, idéalement proche de 15 %, le séchage doit donc être rigoureux.
Voici quelques conseils pour s’en assurer :
- Saisonner le bois entre 18 et 24 mois, en le protégeant de la pluie tout en assurant une ventilation optimale
- Le stocker sur des palettes ou des supports surélevés, avec un espacement entre les rangées pour favoriser l’évaporation de l’eau interne
- Vérifier régulièrement le taux d’humidité avec un humidimètre avant de l’introduire dans le foyer
Un bois mal séché perd une part importante de son rendement, augmente les fumées et peut provoquer des dépôts de suie dans le conduit. Le chêne demande donc un peu de patience avant usage, mais il le rend bien sur le long terme.
Les conseils du pro
Le chêne développe sa pleine efficacité lorsqu’il est combiné à une bonne gestion de l’inertie thermique du logement. Sa combustion lente et régulière convient parfaitement aux foyers post-combustion ou aux appareils étanches de type RT2012.
Pour améliorer l’homogénéité de chauffe, certains chauffagistes, comme les installateurs certifiés Qualibois en Nouvelle-Aquitaine ou Auvergne-Rhône-Alpes, conseillent de l’associer à un dispositif de régulation manuelle d’arrivée d’air, notamment dans les inserts à foyer fermé.
Une arrivée trop rapide ou mal calibrée peut abaisser la température de flamme et nuire à la gazéification complète du bois, générant alors des particules imbrûlées.
Le chêne affiche aussi une densité variable selon sa provenance. Les chênes issus de forêts de plaine, plus rapides à croître, sont souvent un peu moins denses que ceux des massifs argilo-calcaires, comme ceux de la forêt de Tronçais.
Cela peut légèrement influencer la durée de combustion, un paramètre à considérer lors de l’achat en stère ou en mètre fendu. Un autre point rarement évoqué : une fente trop fine accélère le séchage, mais réduit la durée de combustion.
Pour les appareils à haut rendement, une coupe en bûches de 25 à 30 cm, fendues modérément, optimise la restitution calorifique sans suralimenter la chambre de combustion.
À savoir pour le ramonage
Avec le chêne, le risque d’encrassement par dépôt de goudron froid est limité, mais pas inexistant. Lorsqu’il est brûlé en combustion lente prolongée, notamment la nuit, il peut générer un dépôt lisse, brillant, difficile à désincruster mécaniquement.
Pour l’éviter, il est recommandé de programmer régulièrement une flambée vive, dite de décrassage, en alimentant fortement le foyer durant 30 à 45 minutes. Cette montée en température permet de brûler les résidus de suie partiellement adhérents.
Un ramonage mécanique deux fois par an reste obligatoire, mais dans les régions à forte hygrométrie (comme les Landes ou la Haute-Normandie), un contrôle intermédiaire au cœur de l’hiver est conseillé.
Il permet d’anticiper les effets d’un séchage inabouti du bois et de préserver l’intégrité du conduit. Les ramoneurs membres de la Fédération des ramoneurs savoyards préconisent également l’installation d’un modérateur de tirage pour éviter les surchauffes locales dans les conduits inox.
Lexique
- Post-combustion : technologie qui permet de brûler les gaz issus de la première combustion, améliorant le rendement énergétique de l’appareil et réduisant les émissions polluantes
- Gazéification : transformation thermique des composants volatils du bois en gaz combustibles sous l’effet de la chaleur
- Goudron froid : dépôt compact et brillant formé dans les conduits lorsque le bois brûle à trop basse température
- Modérateur de tirage : dispositif mécanique installé sur le conduit permettant de réguler la dépression et d’éviter un excès d’appel d’air
- Stère : unité de mesure du bois de chauffage correspondant à un mètre cube de bûches empilées, dont la longueur est généralement de 1 mètre
- RT2012 : réglementation thermique française imposant des normes strictes en matière de performance énergétique pour les bâtiments neufs
Toutes les essences de bois à bruler dans une cheminée
- Bruler de l’Acacia dans une cheminée
- Bruler de l’Aulne dans une cheminée
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- Bruler du Châtaignier dans une cheminée
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- Bruler de l’Erable dans une cheminée
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