Le bois d’érable, omniprésent dans les régions tempérées d’Amérique du Nord, s’invite souvent dans les paniers de bois de chauffage. Pourtant, derrière cette appellation générique se cache une diversité d’essences aux propriétés très inégales. Certains types d’érable se prêtent admirablement à l’usage en cheminée, tandis que d’autres s’avèrent médiocres, voire décevants une fois allumés. Ce n’est donc pas la présence de l’érable qui fait la qualité d’un feu, mais bien son espèce. À performance thermique égale, un bon érable peut rivaliser avec les meilleurs feuillus. Encore faut-il savoir reconnaître les bons bois parmi les moins efficaces.
Composition des lots de bois incluant de l’érable
Sur le marché du bois à bruler dans une cheminée, les cordes mixtes sont courantes. Celles qui associent érable, hêtre et merisier sont classées en catégorie 1, gage de densité et de pouvoir calorifique élevé.
Ces assemblages affichent en général :
- une longueur de bûche comprise entre 30 et 38 cm
- un taux d’humidité stabilisé à 15 % après séchage
- une valeur énergétique annoncée de 25 millions de BTU/corde
Ce chiffre masque cependant une réalité moins homogène. Si l’on s’attarde sur les caractéristiques de chaque essence, on observe une performance moyenne plus élevée que celle annoncée :
Essence de bois | Pouvoir calorifique (BTU/corde) |
---|---|
Érable à sucre | 29 000 000 |
Hêtre | 27 800 000 |
Merisier | 26 200 000 |
Moyenne théorique | 27 600 000 |
Moyenne commerciale réelle | 25 000 000 |
Cette disparité énergétique suggère que certaines livraisons incluent des bois d’érable à faible rendement.
Diversité des érables utilisés en chauffage domestique
Le genre Acer ne se limite pas à une seule espèce, les performances varient fortement selon la variété, avec des écarts allant jusqu’à 10 millions de BTU/corde.
Voici les essences les plus couramment rencontrées :
Nom latin | Appellation courante | Pouvoir calorifique (BTU/corde) |
---|---|---|
Acer saccharum | érable à sucre, érable franc | 29 000 000 |
Acer rubrum | érable rouge, plaine rouge | 24 000 000 |
Acer saccharinum | érable argenté, plaine blanche | 21 700 000 |
Acer negundo | érable négondo, érable du Manitoba | 19 300 000 |
Un foyer moyen dans une maison de 92 m² mal isolée devra produire jusqu’à 30 000 BTU/h en plein hiver pour maintenir une température intérieure stable. Brûler un bois mal adapté peut donc nuire au rendement global du chauffage.
L’érable, un bois utilisable en cheminée ?
Tous les bois d’érable peuvent techniquement être brûlés dans une cheminée. Mais seuls les érables denses (notamment l’érable à sucre) garantissent un rendement satisfaisant.
Pour une installation de chauffage domestique performante, il convient de privilégier les essences à haute densité, quitte à vérifier l’étiquetage ou à s’informer sur l’origine des bois livrés.
Bois de foyer Rive-Nord et d’autres fournisseurs spécialisés le rappellent : la nature exacte de l’érable conditionne son efficacité thermique.
Les conseils du pro
Pour tirer pleinement parti du bois d’érable en chauffage domestique, il faut considérer sa masse volumique anhydre, c’est-à-dire sa densité une fois totalement sec.
L’érable à sucre dépasse les 700 kg/m³, ce qui le place dans la même catégorie que le chêne ou le charme. Cette densité garantit une combustion lente, stable et longue, ce qui est particulièrement recherché dans les foyers à inertie ou les poêles à accumulation comme les modèles Tulikivi ou Stûv 30-IN.
Autre point technique souvent ignoré : la structure cellulaire du bois d’érable, notamment celle de l’érable rouge, retient plus d’humidité même après séchage traditionnel à l’air libre.
Un passage par séchoir ou une phase de stockage prolongée sous abri ventilé devient alors préférable pour éviter les départs de feu paresseux et les fumées épaisses.
En revanche, l’érable à sucre, grâce à sa texture plus homogène, s’enflamme facilement et produit une braise tenace, un atout pour les longues nuits d’hiver.
Selon les données de Natural Resources Canada, un foyer inséré haut rendement (certifié EPA) alimenté exclusivement en érable à sucre peut chauffer jusqu’à 150 m² en continu avec une autonomie de plus de 8 heures.
L’essence est d’ailleurs régulièrement utilisée par les producteurs artisanaux de sirop d’érable dans les cabanes à sucre, non pour son parfum, mais pour sa régularité thermique.
Pour les amateurs de cuisson au feu de bois, l’érable franc confère une température uniforme idéale pour les cuissons lentes au foyer ouvert, tout en laissant peu de suie sur les pierres réfractaires.
Entretien et ramonage liés à l’érable
Même si le bois d’érable produit relativement peu de goudron comparé aux résineux, certaines variétés comme l’érable argenté ou l’érable négondo, lorsqu’elles sont insuffisamment sèches, peuvent libérer des composés volatils qui favorisent la formation de créosote.
Ces dépôts inflammables s’accumulent dans le conduit et augmentent le risque de feu de cheminée.
Un ramonage au moins deux fois par an est recommandé si l’on utilise de l’érable à faible pouvoir calorifique ou mal séché. Pour les foyers alimentés exclusivement en érable à sucre bien sec, un entretien annuel en fin de saison de chauffe peut suffire, à condition de surveiller régulièrement la vitre et les parois internes du foyer.
Utiliser un bois trop humide accroît la condensation interne et favorise la formation de dépôts acides, susceptibles de corroder les conduits métalliques.
Une astuce consiste à conserver une petite bûche test : si elle pèse nettement plus qu’une autre de taille équivalente, elle n’est pas prête à être brûlée.
Lexique
BTU : abréviation de British Thermal Unit, unité de mesure de l’énergie utilisée pour évaluer le pouvoir calorifique du bois.
Corde de bois : unité nord-américaine de mesure de volume de bois de chauffage (environ 3,6 m³).
Créosote : résidu goudronneux hautement inflammable issu de la combustion incomplète du bois.
Essence de bois : espèce ou variété d’arbre utilisée comme bois de chauffage.
Foyer à inertie : appareil de chauffage qui emmagasine la chaleur puis la restitue lentement.
Masse volumique anhydre : densité du bois complètement sec, exprimée en kg/m³.
Poêle à accumulation : poêle en stéatite ou brique réfractaire qui stocke la chaleur avant de la diffuser progressivement.
Séchoir : installation de séchage contrôlé du bois permettant de réduire rapidement son taux d’humidité.
Toutes les essences de bois à bruler dans une cheminée
- Bruler de l’Acacia dans une cheminée
- Bruler de l’Aulne dans une cheminée
- Bruler du Bouleau dans une cheminée
- Bruler du Cerisier dans une cheminée
- Bruler du Charme dans une cheminée
- Bruler du Châtaignier dans une cheminée
- Bruler du Chêne dans une cheminée
- Bruler de l’Erable dans une cheminée
- Bruler du Figuier dans une cheminée
- Bruler du Frêne dans une cheminée
- Bruler de l’Hêtre dans une cheminée
- Brûler du Noyer dans une cheminée
- Bruler de l’Orme dans une cheminée
- Bruler du Peuplier dans une cheminée
- Bruler du Platane dans une cheminée
- Bruler du Saule dans une cheminée