Bois à bruler dans une cheminée Peut-on bruler du figuier dans une cheminée?

Peut-on bruler du figuier dans une cheminée?

Dans les jardins de nombreuses régions françaises, le figuier s’impose comme un arbre familier. Reconnaissable à son feuillage ample et à son tronc noueux, Ficus carica évoque l’été, la douceur du Sud, et les récoltes généreuses. Mais lorsqu’arrive la saison froide, les branches taillées au sécateur suscitent une question fréquente : peuvent-elles finir comme bois à bruler dans une cheminée ? Cette interrogation mérite d’être traitée avec précision. Tous les bois ne se valent pas lorsqu’il s’agit de combustion. Certains encrassent les conduits, d’autres émettent des particules ou dégagent des substances incommodantes. Le figuier, comme d’autres essences fruitières, appartient à une catégorie intermédiaire qui interroge autant les usagers que les professionnels du chauffage au bois. Nous faisons le point sur le bois de figuier comme bois de chauffage pour une cheminée.

Un bois à la structure instable et aux performances faibles

Le bois de figuier présente une fibre tendre, peu homogène, au grain désordonné. Son cœur, souvent spongieux, se délite rapidement en séchant. Sa densité, mesurée autour de 0,55 à 0,60 g/cm³ à 15 % d’humidité, le classe parmi les essences légères à pouvoir énergétique réduit.

Sa combustion est vive mais irrégulière, générant une flamme instable, bruyante, parfois éclatante. En foyer fermé, ce comportement peut entraîner une surchauffe localisée ou un fonctionnement chaotique du tirage.

À cela s’ajoute une tendance marquée à la formation de suies épaisses, grasses, responsables d’un encrassement accéléré des conduits. Les ramoneurs signalent souvent l’apparition rapide de dépôts goudronneux lorsqu’un bois comme le figuier est utilisé de manière répétée. Cela augmente le risque de feu de cheminée.

Les émissions olfactives, quant à elles, sont caractéristiques : odeur âcre, parfois résineuse, sans la chaleur aromatique des feuillus denses comme le hêtre ou le chêne.

Cette émanation provient de la sève laiteuse, un latex, qui imprègne encore certaines fibres, même après séchage prolongé. Dans un espace clos, elle peut devenir incommodante.

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Valeur calorifique comparée

Pour évaluer l’intérêt thermique d’un bois, on s’appuie généralement sur son pouvoir calorifique inférieur (PCI), exprimé en kilowattheures par stère de bois sec.

Ce critère permet de situer le figuier parmi les essences les moins performantes du point de vue énergétique :

Essence de bois Densité (g/cm³ à 15 % H) PCI moyen (kWh/stère) Comportement à la combustion Résidus produits Utilisation recommandée
Chêne 0,75 – 0,85 2 900 – 3 200 Flamme lente, stable Peu de cendres, peu de goudrons Poêles, inserts
Hêtre 0,68 – 0,75 2 800 – 3 100 Flamme soutenue, régulière Peu de résidus Tous types de foyers
Bouleau 0,60 – 0,65 2 500 – 2 700 Allumage rapide, flamme claire Résidus modérés Foyers ouverts
Figuier 0,55 – 0,60 2 000 – 2 300 Flamme instable, crépitante Suies épaisses, goudrons Usage très ponctuel
Peuplier 0,40 – 0,50 1 800 – 2 100 Combustion rapide, peu de chaleur Nombreuses cendres Allumage uniquement
Cerisier 0,60 – 0,70 2 400 – 2 700 Combustion homogène, parfumée Peu de suie Foyers ouverts décoratifs

Un bois à usage exceptionnel, non recommandé au quotidien

Le bois de figuier, mal noté sur le plan thermique et peu stable à la combustion, peut éventuellement être utilisé dans des conditions bien spécifiques :

  • Allumage d’un feu en extérieur (type brasero, barbecue)
  • Brûlage de déchets de taille dans un foyer ouvert bien ventilé
  • Flambée rapide à but décoratif, en toute fin de soirée

Hors de ces usages limités, le figuier reste une essence déconseillée pour le chauffage domestique. Il compromet le bon fonctionnement des appareils modernes, augmente les fréquences de ramonage, et contribue à la pollution particulaire de l’air intérieur comme extérieur.

Valoriser ce bois autrement : en paillage, en compost ou en sculpture, reste préférable à une combustion inadaptée. Son usage dans la cheminée doit rester l’exception, jamais la règle.

Les conseils du pro

Peu évoqué dans les guides de chauffage domestique, le figuier possède un comportement pyrolytique atypique. Lors de la combustion, sa structure cellulosique libère une fraction élevée de composés volatils, notamment des terpènes et des aldéhydes, substances qui accentuent la formation de créosote.

Ce phénomène est accentué par la faible densité du bois, qui favorise une montée en température trop rapide sans combustion complète. Le figuier provoque ainsi une oxydation incomplète, ce qui augmente la quantité de fumées chargées en particules fines.

Le CERIB (Centre d’Études et de Recherches de l’Industrie du Béton), bien qu’axé sur les matériaux, a mené des études sur les effets thermiques des cheminées maçonnées, démontrant que les essences à forte teneur en humidité résiduelle, comme le figuier mal séché, accentuent la fissuration des conduits en terre cuite.

Certains artisans-fumistes expérimentés notent également une incidence olfactive sur les joints réfractaires après combustion de ce bois.

En contact répété avec ses gaz acides, ces matériaux peuvent se désagréger prématurément, notamment dans les inserts anciens non certifiés EcoDesign 2022.
L’emploi de figuier favorise donc une usure accélérée des installations, y compris dans des systèmes semi-professionnels.

Conseil pratique sur le ramonage

Si vous avez déjà brûlé du bois de figuier dans votre cheminée, même de manière ponctuelle, prévoyez un ramonage anticipé, idéalement tous les 3 mois en période de chauffe.

Le dépôt de créosote issu de ce bois est particulièrement visqueux, difficile à éliminer lors d’un simple ramonage manuel. Faites appel à un professionnel équipé d’un hérisson métallique et d’un aspirateur à filtres HEPA, capable de capter les micro-particules fines.

Un test de vacuité thermique, à l’aide d’un thermocouple inséré dans le conduit, peut également permettre d’évaluer la baisse de performance due à l’encrassement.

Lexique

Créosote : résidu goudronneux issu de la combustion incomplète du bois. Hautement inflammable, il s’accumule sur les parois des conduits.

Terpènes : composés organiques volatils présents dans certaines essences de bois, responsables d’odeurs spécifiques et de dépôts après combustion.

Fumiste : professionnel spécialisé dans l’installation, l’entretien et le contrôle des conduits de fumée et appareils de chauffage au bois.

Latex naturel : substance laiteuse présente dans certaines plantes et arbres, comme le figuier. Lorsqu’il brûle, il peut dégager des gaz acides.

Test de vacuité thermique : méthode de diagnostic utilisée pour mesurer les pertes thermiques dans un conduit de cheminée, souvent réalisée à l’aide de sondes thermiques.

Tubage inox simple paroi : gaine métallique utilisée pour sécuriser un conduit de cheminée. Moins résistante que le tubage double paroi, elle est plus vulnérable à la corrosion.

Toutes les essences de bois à bruler dans une cheminée