Bois à bruler dans une cheminée Peut-on bruler du frêne dans une cheminée?

Peut-on bruler du frêne dans une cheminée?

À l’heure où les particuliers cherchent à optimiser leurs flambées hivernales, le frêne se taille une place de choix dans les grumes empilées sous abri. Présent dans la plupart des forêts françaises, ce feuillu au grain clair intrigue par sa réputation de haut rendement énergétique. Mais ce bois à bruler dans une cheminée est-il réellement adapté ? Zoom sur une essence courante aux qualités parfois méconnues.

Pourquoi adopter le frêne comme combustible ?

Le bois de frêne possède des qualités thermiques et mécaniques qui le rendent particulièrement adapté aux systèmes de chauffage domestique, notamment dans les foyers ouverts ou fermés.

Son rendement énergétique est remarquable : avec un pouvoir calorifique compris entre 1900 et 2000 kWh par stère, il se classe parmi les essences les plus performantes, aux côtés du chêne ou du hêtre. Cette densité élevée, couplée à une faible teneur en résine, permet une restitution de chaleur stable et durable, idéale pour les longues soirées d’hiver.

Autre avantage : le frêne se consume de manière régulière, sans à-coups ni flambées soudaines. Ce comportement permet de maintenir une température homogène sur plusieurs heures, sans recharge fréquente, ce qui accroît le confort thermique et réduit la consommation globale de bois.

Récolté dans des massifs gérés durablement comme ceux du Morvan ou des Vosges, le frêne s’inscrit dans une logique de ressource renouvelable. Son exploitation en circuit court limite les émissions liées au transport et favorise l’économie forestière locale.

Enfin, il émet très peu d’étincelles lorsqu’il brûle. Cette caractéristique renforce la sécurité dans les foyers ouverts ou les inserts, car elle réduit nettement les risques de projections incandescentes sur le sol ou le mobilier.

Les limites du frêne

Même s’il est performant, le bois de frêne demande certaines précautions d’usage et présente des contraintes qu’il convient de connaître avant de le stocker ou de l’utiliser.

Il nécessite un temps de séchage long : en moyenne, deux à trois années sont requises pour que son taux d’humidité descende sous les 20 %. Un bois insuffisamment sec dégage de la fumée, favorise les dépôts dans le conduit et perd en pouvoir calorifique.

Sur le plan de la conservation, le frêne ne tolère pas l’humidité stagnante. Il doit impérativement être entreposé dans un lieu ventilé et hors d’eau. Une mauvaise aération ou un contact prolongé avec le sol provoque des moisissures et peut le rendre impropre à la combustion.

Enfin, le fendage du frêne est parfois difficile, surtout si le tronc présente des nœuds ou une structure torsadée. Sa fibre dense nécessite des outils puissants ou une technique maîtrisée. Les bûcherons expérimentés conseillent de le fendre aussitôt après la coupe, lorsque le bois est encore « vert », pour limiter les efforts.

Les conseils du pro

Le frêne, lorsqu’il est coupé en lune descendante et en période de sève basse (entre novembre et février), se montre plus stable au séchage et limite les risques de gerces profondes.

Cette pratique ancienne, issue de la sylviculture traditionnelle, est encore employée dans les forêts domaniales de l’Allier et des Hautes-Vosges.

Un stockage en quintaux homogènes (volumes alignés par essence et diamètre) permet :

  • d’anticiper le comportement au feu
  • d’équilibrer les charges calorifiques si l’on mélange le frêne à du charme ou du noisetier

Le bois de frêne sec dégage une flamme vive mais peu odorante : pour ceux qui recherchent un feu à l’arôme plus marqué, un panachage avec du bois fruitier (poirier ou cerisier) est souvent pratiqué dans les campagnes du Périgord.

Pour les utilisateurs de foyers à accumulation thermique, le frêne peut servir de bois de montée en température, en alternance avec des bûches de chêne plus lentes à démarrer.
Cette stratégie bi-énergétique, proche de celle utilisée dans les poêles de masse finlandais, optimise la restitution de chaleur sur la durée.

Certains affouagistes expérimentés évitent de brûler les bois de frêne dont les fibres présentent des signes de coloration brune ou de veinures inhabituelles : ces marbrures sont parfois liées à la chalarose, un champignon pathogène qui, bien que sans danger à la combustion, affecte la structure interne du bois et nuit à sa régularité thermique.

Pour les passionnés de combustion lente, le frêne refendu en quartiers larges de 30 à 40 cm et allumé en méthode top-down (allumage inversé) maximise la durée de flambée et réduit la production de particules fines.

Entretien et ramonage

Même bien sec, le frêne peut générer une fine suie blanche, issue de la combustion de ses composés minéraux (notamment la silice et le calcium présents dans l’écorce).

Cette suie, plus volatile que celle du chêne, peut se déposer en haut de conduit, notamment si le tirage est trop fort ou si la ventilation de la pièce est déséquilibrée. Un contrôle visuel tous les deux mois durant la période de chauffe permet d’anticiper les accumulations.

Il est recommandé de procéder à un ramonage mécanique deux fois par an en cas d’usage intensif, et au minimum une fois en fin de saison de chauffe.

L’usage du frêne ne dispense pas de cette obligation, car même les bois réputés « propres » peuvent créer des dépôts lorsqu’ils sont mal brûlés. Un conduit légèrement rétréci ou orienté en angle aigu accentuera les dépôts de suie, en particulier dans les cheminées maçonnées anciennes non tubées.

En présence d’un insert récent, l’ajustement de l’entrée d’air primaire permet de compenser ce phénomène.

Lexique

Affouagiste : personne autorisée à exploiter du bois de chauffage dans une forêt communale, souvent en échange d’une taxe ou d’un droit d’usage.

Bûche de montée en température : bois utilisé au démarrage du feu pour chauffer rapidement le foyer avant l’introduction de bûches plus denses.

Chalarose : maladie cryptogamique provoquée par un champignon (Hymenoscyphus fraxineus) affectant les frênes européens.

Flamme top-down : méthode d’allumage inversé où les bûches sont empilées en bas et l’allume-feu placé au-dessus, favorisant une combustion descendante plus propre.

Gerces : fentes ou fissures apparaissant dans le bois au séchage, souvent liées aux variations de température ou d’humidité.

Quintaux homogènes : unité de stockage standardisée regroupant des bois similaires en nature, diamètre et taux d’humidité, facilitant le séchage et la combustion.

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