Bois à bruler dans une cheminée Peut-on bruler de l’orme dans une cheminée?

Peut-on bruler de l’orme dans une cheminée?

L’orme est-il un bon bois pour votre cheminée ? Longtemps relégué au second plan, ce feuillu dense et nerveux revient en force dans les foyers français adeptes de chauffage au bois. Encore faut-il savoir comment l’utiliser : tout dépend de son taux d’humidité, de sa forme et de la manière dont il est allumé. Ce bois, exigeant à l’allumage mais tenace à la combustion, séduit par sa capacité à diffuser une chaleur constante et peu volatile. Ni salissant, ni capricieux une fois bien sec, il gagne à être mieux connu des utilisateurs exigeants. Voici ce qu’il faut savoir avant de l’adopter dans votre cheminée.

L’orme, une essence dense aux qualités calorifiques reconnues

Avant de faire votre choix pour le bois à bruler dans une cheminée, il est important de connaitre chaque essence. Classé parmi les bois durs, l’orme est prisé pour sa combustion lente et régulière.

Sa densité, comparable à celle du chêne ou du hêtre, lui permet de dégager une chaleur soutenue pendant de longues heures, avec une consommation réduite.

Ce bois s’adresse à ceux qui souhaitent maintenir une température stable dans leur habitat sans raviver leur feu toutes les deux heures.

Il émet peu de fumée, peu de cendres, et réduit les risques d’étincelles, ce qui en fait une option fiable pour les cheminées à foyer ouvert comme fermé.
Son pouvoir calorifique se situe autour de 1 950 kWh par stère sec, ce qui le place dans le haut du tableau des essences feuillues.

Où pousse l’orme, et comment le reconnaître en forêt ?

L’orme, qu’il soit champêtre ou de montagne, colonise les bordures de forêts et les haies bocagères. Il pousse en pleine lumière et préfère les sols frais, légèrement calcaires.

Cet arbre autrefois commun a vu ses populations reculer à cause de la graphiose, mais il demeure présent dans de nombreuses régions françaises.

On l’identifie à son écorce parcourue de stries en réseau, à son tronc élancé et à ses feuilles dentées en double pointe. Pour en faire du bois de chauffage, il peut être prélevé directement en forêt privée, ou acquis sous forme de bûches calibrées auprès de fournisseurs spécialisés.

Un bois exigeant à l’allumage mais endurant à la combustion

L’orme possède une densité élevée (environ 740 kg/m³ à 15 % d’humidité), ce qui rend son démarrage lent mais sa tenue exceptionnelle. Pour obtenir un rendement optimal, il est indispensable de respecter une phase de séchage rigoureuse.

Voici ce qu’il faut retenir pour un usage efficace :

  • Faire sécher le bois au minimum 24 mois, idéalement en sections fendues
  • Utiliser du bois résineux ou du petit bois pour l’allumage, l’orme seul ne s’embrase pas facilement
  • Conserver le bois dans un abri aéré, sans contact direct avec le sol
  • Vérifier que le taux d’humidité descend en dessous de 20 % à l’aide d’un humidimètre

Bien préparer l’orme pour le chauffage domestique

Brûler de l’orme encore vert revient à gaspiller du bois. L’humidité empêche une combustion efficace et augmente les émissions de fumée blanche.

Le bois humide produit peu de chaleur, encrasse les conduits et génère des dépôts de créosote. Pour un usage optimal, l’orme doit être :

  • coupé en bûches d’environ 30 à 50 cm
  • fendu pour accélérer le séchage interne
  • stocké dans un lieu ventilé pendant deux ans minimum

Les conseils du pro

L’orme est souvent sous-estimé car il n’appartient pas à la triade classique du chauffage au bois (chêne, hêtre, charme). Pourtant, lorsqu’il est bien préparé, il rivalise aisément avec ces essences en termes de tenue au feu et de régularité thermique.

Ce bois a une structure fibreuse très dense, ce qui en fait un excellent bois de maintien. Il ne faut pas le confondre avec les ormes de rebut ou les arbres jeunes, dont le bois trop tendre offre une combustion médiocre.

Un détail peu évoqué : l’orme génère une braise stable, presque comparable à celle du chêne rouvre. C’est une donnée précieuse pour ceux qui utilisent un four à bois ou un insert post-combustion, où la qualité de la braise prolonge la chaleur bien au-delà de la flambée.

Ce type de bois est donc recommandé pour les utilisateurs qui souhaitent chauffer sur la durée sans relancer leur foyer constamment.

Il faut savoir que certains professionnels du bois, notamment en Corrèze, dans le Puy-de-Dôme ou les Vosges, proposent des lots d’orme certifiés PEFC, issus de forêts gérées durablement.

Ces bûches sont souvent issues d’essouchage ou de coupes de régénération, ce qui limite l’impact sur la biodiversité. Préférez ces sources à du bois d’orme de coupe sauvage ou sans traçabilité, souvent mal séché.

Enfin, pour une combustion idéale, veillez à faire entrer suffisamment d’oxygène dans votre foyer lors de l’allumage, quitte à ouvrir brièvement la trappe ou le tirage à fond.

L’orme a besoin d’un bon courant d’air pour lancer la pyrolyse, mais une fois la braise formée, réduisez le tirage pour ne pas accélérer la combustion inutilement.

Conseil de ramonage lié à l’utilisation de l’orme

Même si l’orme produit peu de goudron et de créosote en comparaison avec les résineux, il reste indispensable d’adapter le rythme de ramonage à votre fréquence de chauffe.

En cas d’utilisation intensive de l’orme pendant l’hiver, un double ramonage annuel est conseillé : un en milieu de saison de chauffe, un autre à la fin.

Cette essence génère une fine suie grise qui peut s’accumuler au fil du temps dans les conduits, notamment dans les foyers mal ventilés.

Utilisez un hérisson adapté au diamètre du conduit et préférez les baguettes rigides pour un nettoyage en profondeur. Pour les conduits maçonnés anciens, une inspection visuelle annuelle est recommandée, car la suie issue de l’orme peut se déposer de façon irrégulière.

Enfin, évitez les produits chimiques de ramonage dits « automatiques » : leur efficacité est insuffisante avec les dépôts secs issus des bois feuillus comme l’orme.

Lexique

Bois vert : bois fraîchement coupé, contenant encore une forte proportion d’eau (souvent plus de 30 %), ce qui empêche une bonne combustion.

Pyrolyse : processus de décomposition thermique du bois sous l’effet de la chaleur, produisant des gaz combustibles et des braises.

Insert post-combustion : foyer fermé conçu pour brûler les gaz issus de la première combustion, améliorant le rendement et réduisant les émissions.

PEFC : Programme for the Endorsement of Forest Certification, label garantissant une gestion durable des forêts.

Tirage : circulation de l’air dans le conduit de cheminée, influant sur la qualité de la combustion.

Essouchage : opération forestière consistant à extraire la souche d’un arbre abattu, parfois utilisée pour produire du bois de chauffage.

Créosote : résidu goudronneux issu de la combustion incomplète du bois, particulièrement dangereux car hautement inflammable.

Toutes les essences de bois à bruler dans une cheminée