À l’heure où le chauffage au bois séduit de plus en plus de ménages pour son aspect économique et convivial, le choix de l’essence devient un levier déterminant de performance. Parmi les options moins médiatisées figure le platane, un bois souvent perçu comme secondaire mais pourtant présent en abondance sur le territoire. Feuillu à croissance rapide, il suscite des interrogations sur ses capacités réelles à alimenter une flambée efficace. Ce combustible permet-il d’être utilisé comme un bois à bruler dans une cheminée? Une analyse technique et pratique permet d’évaluer ce que le platane peut ou non apporter.
Panorama des essences disponibles pour le chauffage domestique
Chaque type de bois possède un profil thermique distinct. Leur classification repose principalement sur leur densité et leur rapidité d’inflammation.
- Les feuillus durs (comme le chêne ou le charme) affichent une excellente densité et produisent une chaleur constante. Leur combustion lente et régulière les rend idéaux pour un chauffage prolongé
- Les résineux (pin, sapin, épicéa) sont prisés pour leur facilité d’allumage, mais leur combustion rapide et leur propension à encrasser les conduits limitent leur usage en continu
- Les feuillus tendres, à l’image du platane ou du peuplier, se consument vite, avec un pouvoir calorifique modéré. Leur intérêt réside dans leur disponibilité et leur allumage immédiat
Classement calorifique et durée de combustion
Le rendement d’un bois ne dépend pas uniquement de son essence mais aussi de son taux d’humidité et de son pouvoir calorifique. Ce dernier est réparti en trois groupes standardisés :
Groupe thermique | Type d’essence | Pouvoir calorifique | Durée de combustion | Exemples |
---|---|---|---|---|
Groupe 1 | Feuillus denses | Élevé | Longue | Chêne, hêtre, charme |
Groupe 2 | Mi-durs, résineux bien secs | Moyen | Moyenne | Bouleau, mélèze, sapin |
Groupe 3 | Feuillus tendres | Faible | Courte | Platane, aulne, peuplier |
Le platane figure dans le groupe 3, ce qui le situe parmi les bois à combustion rapide et au rendement limité.
Le platane dans la cheminée : intérêts et limites
Malgré ses performances modestes, le bois de platane peut s’intégrer intelligemment à une stratégie de chauffage au bois. Son usage s’impose dans certains contextes où ses qualités prennent le dessus sur ses défauts.
Un combustible disponible sans difficulté
La facilité d’approvisionnement est l’un des points forts du platane. Présent massivement dans les plantations urbaines et les alignements routiers, cet arbre est régulièrement taillé par les services municipaux. Les déchets d’élagage peuvent ainsi être récupérés, parfois même gratuitement.
Le bois de platane est également accessible :
- via des réseaux de distribution locaux (bûcherons, coopératives forestières)
- sur les plateformes en ligne spécialisées
- chez certains fournisseurs livrant en vrac ou en palettes
Une combustion vive pour un chauffage immédiat
Le platane s’enflamme rapidement et diffuse une chaleur instantanée. Ce comportement en fait un allumeur naturel, parfait pour initier un feu ou réchauffer une pièce ponctuellement.
Ce bois est recommandé pour lancer un foyer sans avoir recours à des produits d’allumage. Il fonctionne aussi très bien en complément d’un bois plus dense, afin d’accélérer la montée en température. Il s’avère particulièrement utile lors des intersaisons, où une chauffe modérée suffit.
Un usage optimal suppose une préparation rigoureuse. Le bois doit être sec idéalement avec un taux d’humidité inférieur à 20 %. Un séchage à l’air libre pendant deux ans est souvent nécessaire pour atteindre ce niveau.
Sa faible densité impose en revanche une recharge fréquente du foyer, rendant ce bois moins adapté à une chauffe longue durée sans surveillance.
Les conseils du pro
Lorsqu’on aborde le bois de platane dans le cadre d’un usage domestique, un point revient régulièrement : sa combustion rapide génère des pics thermiques brusques.
Ces variations de température, souvent sous-estimées, peuvent fragiliser certains conduits maçonnés, en particulier ceux non chemisés. Il est donc recommandé d’utiliser ce bois dans des foyers fermés modernes, équipés de matériaux réfractaires conçus pour supporter ce type de sollicitation thermique.
Le platane produit également une braise courte, peu propice à l’accumulation de chaleur dans les poêles à inertie. En revanche, sa flamme vive et claire offre un excellent rendement en convection directe.
À ce titre, il est très prisé dans certains départements du sud, notamment en Vaucluse et dans le Gard, où les collectivités valorisent les déchets issus de la taille des alignements urbains.
Ce bois est souvent négligé à tort dans les recommandations classiques, car son PCI (pouvoir calorifique inférieur) n’est pas représentatif de ses performances en phase de démarrage.
Il est ainsi utilisé par des chauffagistes comme bois d’appoint pour relancer des feux mal engagés ou maintenir la température en intercycle.
Cela en fait une essence accessible aux particuliers peu outillés, notamment ceux vivant en zone périurbaine. Pour une efficacité maximale, le bois doit être stocké dans un local ventilé, sous abri, surélevé du sol pour éviter les remontées capillaires d’humidité.
Conseil pratique sur le ramonage
Le bois de platane, bien que peu résineux, peut générer des dépôts de bistre en cas de combustion incomplète ou si le taux d’humidité dépasse 25 %.
Ces résidus, moins gras que ceux issus des résineux, ont néanmoins tendance à se fixer dans les parties supérieures du conduit, là où la température chute brutalement. L’usage répété de bois mal séché de cette essence peut alors entraîner une suraccumulation invisible à l’œil nu.
Il est donc fortement conseillé d’effectuer un ramonage mécanique biannuel si le platane constitue une part significative de votre consommation.
L’emploi d’un hérisson métallique spécifique aux conduits de section carrée peut être envisagé, car les dépôts liés au platane adhèrent parfois moins aux parois, mais se déposent de manière plus diffuse.
Lexique
PCI (Pouvoir calorifique inférieur) : quantité de chaleur libérée par la combustion d’un kilogramme de bois sec, sans prendre en compte la chaleur latente de la vapeur d’eau.
Bistre : dépôt noirâtre et dur issu de la condensation des goudrons contenus dans la fumée. Il peut obstruer les conduits et provoquer des feux de cheminée.
Ramonage mécanique : méthode de nettoyage du conduit de cheminée utilisant un hérisson (brosse rigide) monté sur une perche flexible ou une tige métallique.
Fendage : opération consistant à découper des bûches de grande section pour en faciliter le séchage et la combustion.
Chemisage : technique visant à insérer un tube inox ou un conduit rigide à l’intérieur d’un conduit de cheminée pour en sécuriser l’évacuation des fumées.
Feu d’intersaison : allumage ponctuel de la cheminée lors de soirées fraîches au printemps ou à l’automne, sans objectif de chauffage constant.
Merlin : outil de fendage à tête large et lourde, utilisé pour fendre les bûches de gros diamètre.
Toutes les essences de bois à bruler dans une cheminée
- Bruler de l’Acacia dans une cheminée
- Bruler de l’Aulne dans une cheminée
- Bruler du Bouleau dans une cheminée
- Bruler du Cerisier dans une cheminée
- Bruler du Charme dans une cheminée
- Bruler du Châtaignier dans une cheminée
- Bruler du Chêne dans une cheminée
- Bruler de l’Erable dans une cheminée
- Bruler du Figuier dans une cheminée
- Bruler du Frêne dans une cheminée
- Bruler de l’Hêtre dans une cheminée
- Brûler du Noyer dans une cheminée
- Bruler de l’Orme dans une cheminée
- Bruler du Peuplier dans une cheminée
- Bruler du Platane dans une cheminée
- Bruler du Saule dans une cheminée