Abondant dans les zones humides, facile à fendre et à manipuler, le bois de saule attire l’attention de nombreux propriétaires de cheminée. Sa flamme vive et son allumage rapide en font un bois à bruler dans une cheminée apprécié, notamment en complément d’autres essences. Mais sa combustion fugace, son faible pouvoir calorifique et son absence de braises solides en limitent fortement l’intérêt en tant que source principale de chauffage. Utilisé sans discernement, il peut même favoriser l’encrassement des conduits. Nous faisons le point sur le bois de saule dans une cheminée.
Caractéristiques thermiques du bois de saule
Le saule (Salix alba, Salix caprea, etc.) fait partie des feuillus dits tendres, classés en catégorie G3 selon la norme NF EN 14961. Son faible poids spécifique : généralement compris entre 350 et 450 kg/m³ à 15 % d’humidité, explique en grande partie sa combustion rapide, qui ne laisse que peu de braises exploitables.
Le pouvoir calorifique moyen du saule sec tourne autour de 1 500 à 1 600 kWh par stère, bien en deçà des bois de chauffage classiques comme le chêne ou le charme.
La flamme dégagée est belle, jaune et vive, mais la restitution de chaleur reste de courte durée. Pour cette raison, le bois de saule est souvent utilisé comme bois d’allumage plutôt que comme combustible principal.
Un autre paramètre essentiel à surveiller : l’humidité. Lorsque le bois n’est pas suffisamment sec, sa combustion devient incomplète, ce qui favorise l’émission de goudrons et de créosote, responsables de l’encrassement des conduits et des risques accrus de feu de cheminée. Un taux inférieur à 20 % d’humidité est impératif.
Intérêts et limites du bois de saule pour un usage domestique
La structure fibreuse du saule, sa légèreté et sa croissance rapide en font un bois simple à manipuler. Il peut être exploité localement dans de petites parcelles boisées ou cultivé à des fins énergétiques, notamment sous forme de taillis à courte rotation.
Mais ces qualités logistiques ne compensent pas ses limites thermiques.
Son emploi est pertinent dans les cas suivants :
- Allumage rapide grâce à son inflammabilité élevée
- Usage en combinaison avec des bois plus denses dans un poêle ou un insert
- Chauffage ponctuel, lors de journées intermédiaires où la chaleur nécessaire reste modeste
À l’inverse, plusieurs inconvénients doivent être pris en compte :
- Faible pouvoir calorifique et combustion trop rapide pour maintenir une température stable
- Production quasi inexistante de braises
- Nécessité de recharger fréquemment le foyer, ce qui entraîne une surconsommation
Scénarios d’usage adaptés au bois de saule
Dans les systèmes de chauffage modernes, notamment les poêles à double combustion ou les inserts à régulation d’air, le bois de saule peut être intégré à la séquence d’allumage. Son emploi dans un foyer fermé limite les pertes calorifiques et permet une montée en température rapide.
Mais ce bois n’a aucune vocation à être utilisé seul : l’alimentation exclusive d’un foyer en saule provoquerait une chute de rendement, une accumulation rapide de cendres et un risque accru de dépôts dans le conduit.
L’usage le plus pertinent reste donc :
- En bois d’amorçage ou en complément d’essences longues à brûler
- Dans des foyers fermés bien ventilés et bien entretenus
- Lors de périodes douces, hors pic hivernal
Dans tous les cas, une vigilance particulière doit être apportée à la qualité du séchage. Un bois humide, même de saule, dégrade les performances de tout appareil de chauffage à bois.
Les conseils du pro
Peu de particuliers savent que le saule, en raison de sa forte teneur en cellulose et de ses fibres longues, produit une combustion extrêmement vive mais également très volatile.
C’est précisément cette volatilité qui, mal maîtrisée, entraîne une montée rapide en température de la chambre de combustion et provoque un dépôt accéléré de particules imbrûlées dans les conduits.
Dans les installations anciennes non équipées d’un modérateur de tirage ou d’un clapet de régulation, cela peut déséquilibrer l’ensemble du cycle thermique.
Sur le plan technique, le bois de saule développe peu de lignine, ce qui nuit à la cohésion du charbon résiduel en fin de combustion. Résultat : aucune masse calorifique ne se maintient une fois les flammes éteintes. Utiliser ce bois dans un foyer maçonné non isolé n’a donc guère d’intérêt thermique, sauf à rechercher une montée rapide en température d’une pièce bien isolée.
Certains artisans comme Les Ateliers du Feu à Lons-le-Saunier recommandent d’utiliser le saule en alternance avec du bois densifié pour limiter la fréquence de rechargement.
Autre pratique peu répandue mais efficace : le mélanger en fagots avec du fagotin de charme ou de hêtre fendillé, ce qui améliore la tenue au feu sans nuire à la vivacité de l’allumage.
Pour ceux qui coupent eux-mêmes leur bois, mieux vaut laisser le saule sécher sous abri ventilé durant 24 à 30 mois, bien au-delà des standards habituels.
Entretien du conduit : un impératif renforcé avec le bois de saule
Le bois de saule, même bien sec, génère plus de condensats acides et de suies volatiles que les essences denses. Ces résidus se déposent rapidement sur les parois des conduits, surtout si la combustion s’effectue à température modérée. Pour cette raison, il est recommandé de ramoner la cheminée au minimum deux fois par an lorsque l’on utilise régulièrement du bois tendre comme le saule, en particulier si le tirage est fort.
Un ramonage mécanique est préférable à un simple traitement chimique, car il permet de retirer les croûtes de créosote qui adhèrent au conduit.
Il est également judicieux d’installer un thermomètre de foyer : cela permet de surveiller en temps réel les phases de combustion et d’éviter les températures trop basses, propices à la condensation des goudrons.
Lexique
Lignine : polymère végétal responsable de la rigidité des parois cellulaires du bois. Plus un bois en contient, plus il produit de braises durables.
Condensats acides : substances liquides issues de la condensation de fumées contenant des composés soufrés ou phénoliques, corrosives pour les conduits métalliques.
Fagotin : petit fagot de bois fendillé et bien sec, utilisé traditionnellement pour démarrer ou relancer un feu.
Modérateur de tirage : dispositif mécanique ou thermique installé sur le conduit pour réguler la dépression et éviter une combustion trop vive.
Tirage : dépression naturelle ou forcée qui permet aux fumées de s’échapper par le conduit. Un tirage trop fort accélère la combustion, un tirage trop faible provoque un refoulement de fumées.
Toutes les essences de bois à bruler dans une cheminée
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