Bois à bruler dans un poêle à bois Peut on bruler du Frêne dans un poêle à bois ?

Peut on bruler du Frêne dans un poêle à bois ?

Quand les températures chutent, nombreux sont ceux qui se tournent vers leur poêle pour chauffer leur intérieur. Mais encore faut-il savoir quel bois utiliser. Chaque essence possède ses caractéristiques : densité, humidité, combustion, encrassement… Autant de critères qui influent sur la performance du chauffage. Dans ce contexte, le frêne, assez commun dans les forêts françaises intrigue. Feuillu dur, réputé pour sa combustion propre et sa facilité de séchage, le frêne est souvent cité comme un bon compromis. Mais est-il vraiment recommandé comme bois à bruler dans un poêle à bois ? Ou ne vaut-il mieux pas l’écarter au profit d’essences plus denses ? La question mérite une analyse détaillée, au-delà des idées reçues.

Une essence polyvalente, mais pas la plus performante

Le bois de frêne (Fraxinus excelsior) présente des caractéristiques intermédiaires. Ni excellent ni médiocre, il se positionne entre les essences à haut pouvoir calorifique comme le charme et celles, plus tendres, comme le bouleau.

Son pouvoir calorifique atteint environ 1900 kWh par mètre cube de bois sec, ce qui le place en-dessous du chêne ou du charme, mais au-dessus de plusieurs bois tendres ou résineux.

Il dégage une flamme vive, stable, agréable à l’œil. Il crépite peu, produit peu de fumée et de suie, ce qui en fait une essence compatible avec la majorité des poêles modernes.

Autre avantage : son taux d’humidité à l’abattage est relativement bas. Le frêne sèche vite : 12 à 18 mois suffisent à condition qu’il soit fendu et stocké dans un lieu ventilé. Cela permet de réduire les stocks ou de raccourcir le délai entre la coupe et l’utilisation.

Ce que l’on gagne… et ce que l’on perd avec le frêne

Le frêne est un bois agréable à utiliser au quotidien. Il ne salit pas la vitre du poêle, produit peu de cendre, dégage une chaleur rapide. Cela le rend utile pour des flambées ponctuelles ou en intersaison, lorsque l’on cherche à chauffer rapidement sans maintenir un feu toute la journée.

Mais cette combustion rapide a aussi ses limites. Dans un poêle à faible inertie, le frêne se consume vite, obligeant à recharger plus souvent. Il n’est donc pas idéal pour les longues flambées nocturnes ou comme bois principal pendant tout l’hiver.

Voici ce qu’il faut garder en tête avant de se constituer un stock :

  • Le frêne s’utilise idéalement en complément d’un bois plus dense comme le chêne ou le charme
  • Il convient pour une montée en température rapide, mais pas pour maintenir une braise toute la nuit
  • Il doit être parfaitement sec pour éviter les éclatements au feu
  • Il reste adapté aux poêles modernes, aux inserts vitrés, et aux habitats bien isolés

Dans les régions où il est localement disponible, comme l’Allier ou les Pyrénées, il représente une alternative accessible. Il est également plus simple à fendre que certaines essences plus noueuses, ce qui facilite la préparation.

Seule ombre au tableau : l’extension de la chalarose, une maladie due au champignon Hymenoscyphus fraxineus, qui fragilise les peuplements de frêne à travers toute l’Europe. Cette menace pourrait, à terme, limiter sa disponibilité.

En somme, le bois de frêne offre un bon compromis entre rendement, praticité et disponibilité locale, à condition de ne pas en faire sa seule ressource. Son comportement au feu et ses faibles résidus en font un allié précieux pour une combustion propre et rapide, à intégrer dans un usage raisonné du poêle.

Les conseils du pro

Pour ceux qui souhaitent tirer le meilleur du frêne, tout commence par le débitage. Ce bois a tendance à développer des tensions internes lorsqu’il sèche rapidement, ce qui peut provoquer des gerces.

Il faut donc le fendre juste après l’abattage, tant que sa structure est encore souple. Le bois fendu en quartier sèche mieux et limite les risques de fissures désordonnées.

Un stockage sous abri, avec une bonne circulation d’air, est indispensable. Le frêne étant moins hydrophobe que le chêne, il absorbe plus facilement l’humidité si le tas est mal protégé.

On évitera donc le contact direct avec le sol ou les bâches plastiques étanches. L’idéal est une claire-voie couverte ou un appentis semi-ouvert, orienté au sud.

Les professionnels du réseau Qualibois recommandent d’associer le frêne à des essences plus lourdes pour structurer les cycles de chauffe : on démarre avec le frêne pour une montée rapide en température, puis on entretient avec du charme ou du hêtre pour allonger la durée.

Conseil pratique : ramonage et bois de frêne

Grâce à sa combustion propre, le frêne limite naturellement les dépôts de goudrons. Cela dit, il ne dispense pas d’un entretien rigoureux. Si vous brûlez essentiellement du frêne, un ramonage mécanique annuel reste obligatoire pour évacuer les suies fines qui peuvent s’accumuler malgré tout.

Un bon indicateur de la qualité de votre combustion est la vitre du poêle : si elle reste propre, le bois est sec et bien utilisé. Dans le cas contraire, le taux d’humidité du frêne est probablement trop élevé. L’usage d’un humidimètre est donc fortement recommandé avant chaque nouvelle saison de chauffe.

Si votre installation est dotée d’un conduit en inox double paroi, vous pouvez espacer légèrement le second ramonage annuel à condition que le frêne constitue la seule essence utilisée et qu’il soit bien sec.

En revanche, les conduits maçonnés anciens nécessitent une surveillance plus fréquente, car même une combustion propre génère des dépôts sur le long terme.

Lexique

Claire-voie : structure de rangement ajourée qui permet à l’air de circuler autour du bois tout en le protégeant de la pluie.

Double combustion : principe technique de certains poêles qui brûlent les gaz issus de la première flambée, améliorant le rendement et réduisant les émissions.

Gazéification : processus de transformation thermique du bois en gaz combustibles sous l’effet de la chaleur.

Gerce : fissure superficielle du bois causée par un séchage trop rapide ou inégal.

Humidimètre : petit appareil permettant de mesurer le taux d’humidité d’une bûche avant de la brûler.

Réseau Qualibois : label de qualité pour les professionnels de l’installation de systèmes de chauffage au bois, reconnu par l’ADEME.

Flamme Verte : certification française qui garantit la performance énergétique et environnementale des appareils de chauffage au bois.

Toutes les essences de bois à bruler dans un poêle à bois