Elles agissent dans l’ombre, invisibles mais puissantes. Les phéromones, ces messagers chimiques, influencent la vie sociale, reproductive et territoriale de nombreuses espèces. Si leur rôle chez les insectes et certains mammifères ne fait aucun doute, leur impact chez l’être humain continue de susciter débats et recherches. Entre biologie, culture et comportements, elles dessinent un champ d’étude fascinant où science et imaginaire se croisent.
Les phéromones, qu’est-ce que c’est ?
Les phéromones sont des molécules sécrétées par les glandes exocrines, destinées à agir sur les individus d’une même espèce. Elles déclenchent ou modifient un comportement précis : reproduction, défense ou encore organisation sociale. Ces signaux chimiques ne concernent pas uniquement les insectes ou les mammifères. Des végétaux sont également capables d’en émettre afin de se protéger d’attaques parasitaires. Dans le domaine agricole, certains cultivateurs exploitent déjà ces substances pour élaborer des méthodes de lutte biologique contre les nuisibles, réduisant l’usage des pesticides.
Chez l’homme, elles seraient produites principalement dans les zones riches en glandes sudoripares, comme les aisselles, le cuir chevelu ou la région pubienne. Leur rôle exact reste controversé, mais leur présence interroge la manière dont nous percevons inconsciemment nos semblables.
Les différents types de phéromones
Les biologistes distinguent plusieurs familles de phéromones, chacune possédant une fonction bien spécifique :
- phéromones sexuelles : orientent les comportements reproductifs, en attirant ou stimulant un partenaire ;
- phéromones de piste : déposées par exemple par les fourmis pour indiquer une source de nourriture ;
- phéromones de marquage : délimitent un territoire ou signalent une ressource ;
- phéromones grégaires : maintiennent la cohésion d’un groupe ou d’une colonie ;
- phéromones d’alarme : alertent leurs congénères d’un danger imminent ;
- phéromones sociales : participent à la régulation interne d’une communauté animale.
Ces signaux chimiques peuvent induire des comportements collectifs spectaculaires, tels que la cycloalexie, formation de cercles défensifs observée chez certains insectes.
L’être humain, un capteur de phéromones ?
Les humains disposent de deux systèmes sensoriels capables de détecter les molécules odorantes : la muqueuse olfactive et l’organe voméronasal, aussi appelé organe de Jacobson. Longtemps considéré comme vestigial chez l’homme, ce dernier pourrait jouer un rôle plus actif qu’on ne l’imaginait.
Des travaux récents tendent à montrer que certaines molécules stéroïdiennes émises par la sueur ou les sécrétions vaginales pourraient être perçues par ce dispositif, influençant inconsciemment les interactions sociales.
Quel est l’effet des phéromones sur l’homme et la femme ?
Phéromones : une action sur le cycle menstruel
L’un des rares effets observés de manière tangible chez l’être humain concerne la synchronisation des cycles menstruels. Des expériences menées avec des prélèvements d’aisselles féminines appliqués sur d’autres femmes ont révélé une modification du rythme de leur cycle ovarien. Ce phénomène reste discret comparé à ce qui est observé chez certains rongeurs, où certaines phéromones peuvent déclencher ou suspendre l’ovulation.
Phéromones : comportement inné ou acquis
Chez les hommes, des glandes sudoripares sécrètent des stéroïdes odorants tels que l’androsténol ou l’androsténone, connus pour jouer un rôle attractif chez plusieurs mammifères. Du côté des femmes, des molécules analogues présentes dans les sécrétions vaginales rappellent celles qui stimulent l’accouplement chez le macaque.