Le jardinier averti connaît bien les ravageurs qui s’attaquent aux cultures, mais il est parfois difficile de les identifier avec précision. Les tenthrèdes, souvent confondues avec des chenilles, sont en réalité les larves d’insectes de l’ordre des Hyménoptères. Leur appétit vorace cause d’importants dégâts sur de nombreuses plantes, qu’elles réduisent en lambeaux en un temps record. Leur cycle de vie, marqué par plusieurs générations successives, rend leur prolifération rapide et difficile à contenir. Repérer leur présence tôt permet d’éviter des infestations trop importantes et de mettre en place des solutions adaptées. Mais comment reconnaître ces fausses chenilles ? Quelles plantes sont les plus vulnérables à leurs attaques ? Et surtout, quelles méthodes permettent de limiter leur impact sans nuire aux auxiliaires du jardin ?
Des larves de mouches à scie qui se nourrissent sans relâche
Les tenthrèdes regroupent plusieurs espèces d’Hyménoptères appartenant aux Symphytes. Les adultes, souvent discrets, mesurent entre 1 et 5 cm, arborant des teintes variées allant du noir au brun, avec parfois des reflets verts ou jaunes.
Mais ce sont leurs larves qui préoccupent les jardiniers : leur apparence rappelle fortement celle des chenilles, avec un corps segmenté et des couleurs variables selon les espèces. Certaines sont vert pâle avec des taches sombres, d’autres brunâtres, parfois presque translucides.
Un détail permet néanmoins de distinguer les tenthrèdes des véritables chenilles : elles possèdent entre 6 et 9 paires de fausses pattes, en plus de leurs trois paires de pattes thoraciques.
Autre particularité, lorsqu’elles sont dérangées, elles adoptent une posture défensive en se recourbant en S avant de se laisser tomber au sol.
Un danger pour de nombreuses espèces végétales
De mai à octobre, les tenthrèdes s’attaquent aux feuilles avec une voracité impressionnante. Certaines espèces grignotent uniquement la surface, laissant des taches grises et sèches, tandis que d’autres réduisent le feuillage à l’état de dentelle en ne laissant que les nervures intactes.
Certaines larves, appelées tenthrèdes cigarières, s’enroulent dans les feuilles pour se dissimuler des prédateurs.
Parmi les plantes les plus exposées aux attaques des tenthrèdes, on retrouve :
- Arbres fruitiers : pommier, poirier, cerisier, noisetier, groseillier
- Plantes ornementales : rosier, spirée, aubépine, berbéris, églantier, millepertuis
- Essences forestières : chêne, saule, bouleau, frêne, peuplier, pin
- Fleurs et vivaces : géranium, iris
- Plantes potagères : oseille, choux, navets, radis
Lorsque l’infestation est sévère, les végétaux sont totalement défoliés et leur développement en est considérablement affaibli.
Un cycle de reproduction favorisant des infestations massives
Les adultes émergent dès le mois de mai, parfois plus tôt en climat doux. Rapidement, les femelles commencent leur ponte, déposant jusqu’à 300 œufs sur une seule plante grâce à leur ovipositeur en forme de scie, d’où leur surnom de mouches à scie.
Le développement des tenthrèdes suit plusieurs étapes :
Période | Stade de développement |
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Mai – juin | Émergence des adultes et premières pontes |
Mai – juillet | Éclosion des œufs, apparition des larves |
Juillet – août | Deuxième génération de larves |
Septembre – octobre | Troisième génération possible |
Automne | Les larves tombent au sol et s’enfouissent pour hiverner |
Printemps | Les nymphes se transforment en adultes et le cycle recommence |
Les générations successives expliquent pourquoi ces ravageurs peuvent rapidement devenir envahissants si aucune action n’est entreprise.
Comment contrôler les tenthrèdes sans perturber l’équilibre du jardin ?
Éliminer les tenthrèdes nécessite une approche adaptée, car les méthodes classiques contre les chenilles sont inefficaces. Bacillus thuringiensis (Bt), par exemple, ne fonctionne pas contre ces larves. Mieux vaut privilégier d’autres stratégies pour limiter leur impact :
- Pulvérisation de traitements naturels : le pyrèthre ou une solution de savon noir permettent de réduire la population larvaire
- Ramassage manuel : sur les petits arbustes ou légumes du potager, enlever les larves à la main peut s’avérer efficace
- Encourager les auxiliaires : certaines guêpes parasites pondent leurs œufs dans les larves, empêchant leur développement
- Action automnale : un binage au pied des plantes attaquées expose les nymphes au froid et aux prédateurs
- Préserver les oiseaux insectivores : mésanges et rouges-gorges se nourrissent volontiers de ces larves