Face à la pression croissante sur les ressources naturelles, la question forestière occupe une place centrale dans les débats environnementaux. Les forêts couvrent près d’un tiers de la surface terrestre et assurent des fonctions vitales : stockage du carbone, préservation de la biodiversité, régulation de l’eau et fourniture de matériaux. Leur gestion ne se limite plus à l’exploitation du bois, elle englobe désormais des enjeux sociaux, économiques et écologiques. En Europe comme en France, la gestion durable s’impose comme un cadre de référence incontournable pour concilier exploitation et préservation.
Définition et principes de la gestion durable des forêts
La notion de gestion durable a émergé sur la scène internationale lors de la Conférence de Rio en 1992. Elle renvoie à une idée simple : satisfaire les besoins actuels en produits et services issus des forêts sans compromettre ceux des générations futures.
En Europe, cette vision s’appuie sur les critères d’Helsinki, adoptés dans les années 1990. Ces six piliers définissent le socle commun de la gestion forestière durable :
- Conserver et renforcer les ressources forestières et leur rôle dans le cycle du carbone
- Maintenir la vitalité des écosystèmes pour éviter leur dégradation
- Encourager la fonction productive des forêts, qu’il s’agisse de bois ou d’autres biens
- Préserver la diversité biologique au sein des habitats forestiers
- Assurer la protection des sols et de l’eau par une gestion adaptée
- Garantir les bénéfices socio-économiques liés aux activités forestières
En France, le Centre national de la propriété forestière (CNPF) pilote l’accompagnement des propriétaires privés dans cette démarche. Cet établissement public délivre les agréments aux documents de gestion durable, qui structurent les pratiques sylvicoles sur le long terme.
Les instruments de suivi : les indicateurs de gestion durable
Pour mesurer les progrès et dresser un état des lieux objectif, des indicateurs spécifiques ont été mis en place. L’Inventaire forestier national, conduit par l’IGN, en assure le suivi.
Ces indicateurs, regroupés selon les critères d’Helsinki, offrent une vision complète des multiples dimensions de la forêt : surface, santé des peuplements, rôle économique, valeur écologique et poids social. Ils sont réactualisés tous les cinq ans à travers la publication intitulée Les indicateurs de gestion durable des forêts françaises métropolitaines.
Tableau synthétique des six critères et de leurs finalités :
| Critère | Finalité | Exemple d’indicateur suivi par l’IGN |
|---|---|---|
| Ressources forestières et carbone | Maintenir les stocks de bois et la séquestration du CO₂ | Volume de bois sur pied, bilan carbone |
| Santé et vitalité | Suivre l’état sanitaire des peuplements | Défoliation, mortalité liée aux sécheresses ou insectes |
| Fonctions de production | Assurer une production durable de bois et d’autres biens | Volume récolté vs accroissement annuel |
| Diversité biologique | Préserver les habitats et espèces forestières | Surface en forêts anciennes, nombre d’espèces indicatrices |
| Fonctions de protection | Sauvegarder sols et ressources en eau | Surface boisée en zones de protection de captage |
| Aspects socio-économiques | Maintenir le rôle social et économique des forêts | Emploi forestier, part de la forêt dans l’économie locale |
Ces données permettent d’évaluer les pratiques, d’ajuster les politiques publiques et d’orienter la gestion vers un modèle capable de concilier exploitation raisonnée et préservation des écosystèmes.