En France, un incendie domestique se déclare toutes les deux minutes. Ces sinistres causent annuellement près de 800 décès. Le risque est d’autant plus élevé lorsque la densité de population est importante, et que l’évacuation est compliquée par la hauteur. Les immeubles d’habitat collectif sont donc particulièrement concernés, et la règlementation en la matière est stricte. 

Quels bâtiments ? 

L’arrêté du 31 janvier 1986 relatif à la protection contre l’incendie des bâtiments d’habitation impose un certain nombre de dispositifs de sécurité dans les immeubles, en fonction de leurs caractéristiques. 

Les bâtiments sont classés par familles, la 1ère correspondant à un habitat individuel, la 4ème aux immeubles les plus hauts. 

En l’espèce, sont soumises à cette règlementation les 3ème famille B et 4ème famille : bâtiments de 7 étages ou plus, de 28 à 50 m de hauteur, ou encore où ceux la distance entre la cage d’escalier et le palier du logement le plus éloigné dépasse 10 m. Il s’agit donc principalement des immeubles que l’on nomme communément les grands collectifs. 

Les obligations prévues par les textes imposent non seulement l’installation d’équipements, mais également leur maintenance régulière et rigoureuse, le tout à la charge du propriétaire ou de la copropriété. Elles sont destinées à faciliter de toutes les façons possibles le travail des sapeurs-pompiers afin de sauver des vies.

Extincteurs : étouffer un départ de feu

S’ils ne sont pas imposés dans tous les immeubles, il est fortement conseillé d’équiper les parties communes d’extincteurs portatifs. En effet, ces matériels sont pratiques, efficaces, facilement utilisable par les résidents, et permettent une intervention immédiate pour éteindre un foyer naissant et éviter un incendie de grande ampleur. 

Dans les bâtiments de 15 étages ou plus, ils sont obligatoires à raison d’un extincteur par cage d’escalier. De même, dans les parkings de 3 niveaux ou plus, il faudra en compter 1 pour 15 voitures, ainsi qu’une caisse de sable à chaque niveau, en complément d’un dispositif d’extinction automatique. 

Attention, les locaux de chaufferie requièrent un matériel spécifique : des extincteurs poudre de 9 kg, de type ABC (c’est-à-dire polyvalents, pour être efficaces sur plusieurs types de feu). La règlementation en impose 2 dans le local pour une chaudière au fioul, 1 pour une chaudière au gaz, et 1 pour une chaudière à charbon. 

L’ensemble des extincteurs doit être installé et vérifié annuellement par une société experte. 

Colonnes sèches : faciliter une intervention

Que ce soit en établissements recevant du public ou en immeubles, vous les avez sans doute déjà aperçues : elles sont indiquées par un affichage destiné aux pompiers.

Une colonne sèche, encore appelée colonne incendie, c’est tout simplement une canalisation verticale vide, qui traverse les étages du bâtiment et peut être raccordée à une alimentation d’eau sous pression. A chaque extrémité, on peut y connecter un tuyau d’incendie pour se relier à une borne extérieure, et donc intervenir à tous les étages depuis la colonne. 

Un avantage non négligeable : en évitant de dérouler des dizaines de mètres de tuyaux à travers des volées d’escaliers ou de longs cheminements, la colonne sèche facilite énormément l’accès à l’eau des services de secours, permet un considérable gain de temps, et garantit une intervention plus efficace face au feu. 

Équiper l’immeuble en colonnes sèches est obligatoire dans les grands collectifs, c’est également le cas pour les ERP (établissements recevant du public) et les parkings de 3 niveaux ou plus. Mais elles peuvent également être installées dans des bâtiments de plus petite taille pour renforcer la sécurité incendie. 

La maintenance de ces équipements est essentielle, et doit être réalisée au minimum une fois par an, à la charge de la copropriété. Là encore, tournez-vous vers des professionnels spécialistes des dispositifs anti-incendie. 

Portes coupe-feu : confiner le sinistre 

Une porte coupe-feu est une porte technique de composition spécifique : elle comprend du composite incombustible, du métal et deux parements de bois dur. Son temps de résistance au feu peut aller de 30 à 120 minutes. Elle permet donc d’isoler une zone sinistrée, afin d’éviter la propagation de l’incendie. 

Il s’agit d’un dispositif dit passif, obligatoire dans les immeubles d’habitation de 3 étages ou plus construits après 1987. Mais elles peuvent tout à fait être installées dans des maisons individuelles ou bi-familles pour assurer la sécurité des personnes. 

L’objectif : faciliter l’évacuation du bâtiment, et restreindre la zone enflammée pour faciliter l’extinction du feu. 

Toutes les familles d’immeubles avec celliers ou caves indépendants des logements sont concernées : les bâtiments doivent être équipés de blocs portes coupe-feu dans les escaliers permettant la communication entre le sous-sol et le reste de l’immeuble. 

La pose de telles portes est millimétrée, afin d’empêcher que les fumées ne s’échappent, leur installation nécessite donc également une expertise professionnelle.

Dispositifs complémentaires de sécurité

80 % des décès en cas d’incendie sont liés à l’inhalation des fumées de combustion : permettre leur évacuation est donc indispensable. 

Les grands collectifs sont soumis à une obligation en la matière : celle de prévoir une ouverture d’1m2 au moins dans la cage d’escalier. Ce dispositif reste fermé en situation normale mais peut être ouvert en cas de feu. On parle alors de système de désenfumage naturel. 

De même, il est imposé dans ce type de bâtiments de mettre en place des blocs autonomes d’éclairage de sécurité (BAES) indiquant les issues et permettant de se repérer : ils sont dits autonomes car fonctionnant sur batterie, leur système d’éclairage est indépendant des circuits électriques de l’immeuble. Ils doivent être en état de fonctionnement et testés tous les 6 mois. 

Enfin, dans tous les immeubles à usage d’habitation, il convient de procéder à l’affichage de plans d’évacuation : ils doivent être mis en place à chaque niveau, à proximité des ascenseurs, des escaliers, et/ou à tout endroit où les personnes présentes dans les lieux peuvent aisément les repérer.

Quid des détecteurs de fumée ? 

Les détecteurs, très utiles pour donner l’alerte en cas de départ de feu, sont un cas particulier. En effet, depuis 2013 ils sont interdits dans les parties communes des immeubles d’habitation. Pourquoi ?

D’après le Ministère de la Transition Ecologique, le déclenchement d’un détecteur inciterait les résidents à sortir de chez eux. Or, s’il s’est déclenché dans les parties communes, c’est que l’appareil y a détecté des fumées : les personnes seraient donc poussées par l’alarme à rejoindre une zone où elles seraient en danger. 

En revanche, les détecteurs de fumée sont obligatoires à l’intérieur des logements, que ce soit en habitat collectif ou en maison individuelle. Le propriétaire doit équiper le logement, et l’entretien du matériel est à la charge du locataire.